Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mardi 10 juillet 2018

LES VIOLENCES

 Marc Fumaroli, un maître, déclare dans le Point du 5 juillet dernier : "j'avais décidé, par exemple, de ne jamais avoir d'enfants afin de leur épargner de vivre dans un monde dont je pressentais la violence". La raison est bonne. La violence ne fait pas de la terre un paradis et comment peut-on, en effet, en faire le cadeau ?

Il y a la violence que le monde nous impose. Son origine extérieure est l'ambition, le mépris, l'envie, le désir, la jalousie, la cruauté, le besoin de faire le mal, de dominer des hommes. Elle s'illustre dans les batailles, les combats, les matchs, les corridas. On la voit triompher dans la guerre, sur le ring, sur la piste. Il faut vaincre l'autre, le réduire, physiquement en le tuant ou symboliquement en le devançant au score, aux points, aux touches, sur la ligne d'arrivée. Le besoin est constant. Il œuvre dans la hiérarchie, la course au diplôme, au pouvoir, à l'argent etc., etc...

Elle est déplaisante, mais il y a aussi la douleur physique. Elle nous afflige depuis le début avec les hurlements de l'arrivée et qui n'arrêteront pas : les colites, les caries, les angines, les otites, l'appendicite, les céphalées, l'arthrose, l'arthrite, les piqûres, les entorses, les fractures, les opérations, la chimio. Elles sont presque oubliables, ne durent pas, on s'y habitue, le Doliprane suffit à les calmer ou la morphine ou un peu de patience, en serrant les dents.

Mais que dire de l'autre, tapie au fond de soi, que nous créons et dont nous faisons les frais ? Cachée, elle agite l'esprit. On doit la supporter car on ne peut s'échapper, sauf par la manière forte quand elle est devenue insupportable, insurmontable elle peut être mortelle quand elle conduit à se jeter par la fenêtre, sous le métro, le TGV.

Cette douleur morale a une violence impitoyable qui provoque des souffrances irrémédiables car c'est notre vie qui les secrète et nous oblige à les subir. La litanie est sans fin: on a les chagrins, la tristesse, les idées noires, les peurs innombrables de la guerre, de la faim, de la soif, du froid, du chaud, des départs, des ruptures, de la faillite, du noir, de la foule, des fous, des criminels, des autres, du vide, de l'ascenseur,  de vieillir, de mourir, d'être enterré vivant, brûlé vif, etc., etc.

Comment arriver à se supporter sans se faire violence ? La force de l'habitude, l'inconscience sans doute, mais surtout l'oubli miséricordieux..
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