Ne faudrait-il pas considérer la bêtise comme une maladie de l'esprit à part entière et la faire entrer dans la nosologie des maladies mentales à côté de la paranoïa, de la schizophrénie et des autres ? Son statut de maladie découle logiquement des effets négatifs qu'elle provoque sur la santé qui, selon l'OMS, est un état de bien-être physique, mental et social. La bêtise affecte gravement ces trois composants. Pour ceux qui ont besoin d'être convaincus, je donnerai quelques exemples:
- le fumeur qui consomme son paquet de cigarettes subira tôt ou tard les effets secondaires iatrogènes de cette habitude avec, au choix, un cancer de la gorge, du poumons, un infarctus, une artérite ou une insuffisance respiratoire. Il connait le risque et la seule raison qui le fait poursuivre cette habitude détestable pour sa santé et qui le fera mourir précocement de façon fort pénible est un manque de jugement et une action déraisonnable et imprudente, deux traits de caractère définissant la bêtise.
- le skieur qui fait du hors-piste dans un couloir d'avalanche et qui va être emporté dans une coulée de neige est victime de cette maladie.
L'intelligence est un anticorps naturel qui devrait normalement en venir à bout et l'empêcher de se manifester. Malheureusement cette défense ne fonctionne pas et la bêtise peut s'exprimer sans rencontrer de résistance. L'histoire est ainsi pleine de personnages ayant prouvé leur habileté à gagner de l'argent, les batailles, à faire des découvertes, à résoudre des équations, à conquérir le pouvoir, la célébrité et qui cependant ont multiplié les bêtises et se sont ridiculisés, ruinés, ont été forcés d'abdiquer, de se sauver, sont morts en prison, en exil, devant un peloton d'exécution.
La bêtise fait partie des maladies chroniques, incurables, congénitales, intemporelles. Personne n'échappe à son emprise. Elle fait dire et faire n'importe quoi, prendre la mauvaise décision, élire un incapable, admirer une horreur, regarder un navet, diner chez Mac-Do. Aucun traitement n'en vient à bout. Le retour d'expérience, les bonnes résolutions, les conseils, les résolutions ne servent à rien. Les rechutes et les récidives sont inévitables. La bêtise est la plus forte et impose sa loi scélérate au sage comme à l'écervelé. Chacun traîne son lot et elle n'attend que l'occasion pour alourdir le fardeau.
La bêtise n'est bégnine que chez vous, moi et ceux qui n'ont à s'occuper que d'eux mais elle devient un danger public, est à l'origine des guerres, des révolutions, des catastrophes, d'Hiroshima, quand elle est exercée à plein temps et dans l'exercice de leurs fonctions par des imbéciles qui , grâce à la bêtise généralisée, occupent les postes de président, de ministre, de général, de roi, de pape, de dictateur. Les symptômes de la maladie sont alors à leur climax, toutes les alarmes dans le rouge. Ils sont les seuls à ne pas s'en apercevoir, aveuglés par la fièvre du pouvoir et l'ivresse de la puissance de leurs forces policières, militaires. L'actualité est curieusement en train de nous faire vivre en direct des manifestations de la bêtise qui illustrent de façon caricaturale la clinique de la bêtise.
En France, on a un gouvernement élu par une minorité d'électeurs et qui se croit capable d'imposer une loi rejetée par la majorité et qui fait semblant de décider, à la façon de Louis XIV, semblant ignorer 1789.
En Europe, on a une Commission qui feint de croire qu'elle est le centre du monde alors que la Chine, l'Amérique, les pollueurs numéro 1 continuent d'augmenter leurs productions de CO2 dans des proportions qui rendent ridicule, homéopathique et suicidaire sa politique écologique.
La bêtise est à l'origine des guerres en cours en Ukraine, en Iran, en Syrie, au Yémen, en Birmanie, au Moyen Orient, au Soudan. Elle sera à la cause de celles qui vont se déclarer au Maghreb, à Taiwan et ailleurs.
La bêtise est comme la règle de trois le propre de l'homme et son influence est plus grande que la sagesse, la raison, les vertus et l'intelligence réunies. La bêtise a toujours régné en maitresse et sa domination n'a jamais été aussi forte. Il convient donc de lui rendre hommage, d'accepter son triomphe comme un fait naturel, consubstantiel, de continuer à la souffrir puisqu'elle a force de loi.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire