Vous connaissez la brièveté de la vie depuis que Sénèque
vous en a parlé. Vous ne savez pas si vous serez encore là demain. Votre
curiosité ne sera satisfaite que dans 24 heures. Vous devez donc avoir une
gestion du temps à la mesure de l’inconnu du lendemain, de son coût et pour
mieux le rentabiliser, votre productivité, avec l’âge, ayant tendance à
décliner.
Vous avez appris, dans ce blog – qui a une dimension
humanitaire reconnue depuis le fin fond de la Russie jusqu’aux extrémités des
plaines du Texas – comment choisir un métier, vivre une éternité et, surtout,
améliorer votre rapport à l’amitié. Les critères de sélection des amis étaient,
jusqu’à ce que je m’en préoccupe, totalement subjectifs. Ils perdaient ainsi
leur sérieux et toute précision. Pour donner une valeur scientifique à la
discrimination objective qui doit présider à leur choix, j’ai choisi des
indices indiscutables qui vont vous permettre d’évaluer la sympathie que vous
éprouvez pour les relations que la vie sociale vous impose et celle qu’elles
éprouvent à votre égard. Il vous sera même possible d’en mesurer les degrés
grâce à une échelle de valeurs inspirée de celle de Richter. Cette évaluation
ne vous demandera que l’aide d’un chronomètre et se fera à l’occasion d’une
invitation à déjeuner ou à dîner. Les trois étapes de l’invitation peuvent
servir. Il suffit d’un peu d’observation.
1er indice : la prise de rendez-vous.
La date du déjeuner (ou du dîner) est généralement fixée par
téléphone. Mesurez exactement le temps qui sépare la première allusion à la
date de la réunion et celui où l’accord se fait sur une date compatible. Plus le
temps passe, moins l’envie de vous voir est grande. Plus l’interlocuteur
feuillette son carnet de rendez-vous pour trouver un moment où vous caser,
moins sa sympathie est forte. La date est fixée :
-
Demain 1
-
Dans la semaine 2
-
Dans la semaine qui suit 3
-
Dans la quinzaine 4
-
Dans le mois 5
-
Dans les deux mois 6
-
Dans les trois mois 7
-
Au retour des grandes vacances 8
-
Avant la fin de l’année 9
-
Il faudra qu’on en reparle 10
On a ainsi toutes les gradations
de l’amitié la plus vive (le plus tôt sera le mieux) à l’antipathie à peine
déguisée (le plus tard sera le mieux).
2ème indice
Le retard à l’arrivée a une
valeur estimative irréfutable et constamment vérifiable.
L’heure d’arrivée est souvent
tacite mais parfois clairement affichée. « Vous
arrivez vers 12 h 30 » ou « Venez
vers 20 heures, qu’on ait le temps de parler un peu avant de passer à
table ». Paroles rituelles pour une cérémonie formelle.
L’arrivée en avance signe
l’amitié à toute épreuve, l’ami(e) sur qui vous pouvez compter et qui ne vous
laissera pas tomber. Bravo ! C’est de l’or, vous avez de la chance.
-
À l’heure : une bonne amitié. Elle a fait
ses preuves et n’a pas encore déçu.
-
Le quart d’heure de retard. C’est acceptable. Ça
arrive à tout le monde. Quelques feux rouges, un embouteillage, une erreur de
parcours, une panne de GPS.
-
30’ de retard. Il devient significatif. Ce repas
est une corvée dont on se serait bien passé. Mais on a été coincé. Pas moyen de
refuser. 30’ de retard c’est 30’ de gagnés.
-
1 heure de retard. L’excuse est difficile à
trouver. Elle doit être énorme pour faire pardonner le soufflé retombé, la
viande cramée, le dessert fondu.
Le mensonge est à la mesure du
retard:
-
décès d’une belle-mère ;
-
panne de voiture et recours à l’assistance de
l’ACO. Vous savez, ils ne sont jamais pressés ;
-
une fuite d’eau, de gaz, l’arrêt cardiaque du
voisin.
(suite et fin demain)
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