Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 18 avril 2013

TYPOLOGIE DE L’ORDRE (suite et fin)

3/ L’ordre qui va nous monopoliser ne fait pas partie des précédents ordres vulgaires.

 
L’ordre n’atteint sa grandeur que dans sa dimension impérative. C’est quand l’ordre prend la direction du commandement, qu’il donne force à la loi, entraîne l’action même sans l’adhésion qu’il mérite qu’on y fasse attention.
 
À ce moment de la réflexion il sera facile de tomber dans le piège que tend l’ordre et d’énumérer toutes les variations, les circonstances où il se met en valeur. C’est fastidieux, on en est victime en permanence : feux rouges, stops, interdictions. La vie est un tissu d’ordres que les contre-ordres n’arrivent pas à démêler.
 
L’ordre qui m’intéresse n’est répertorié  nulle part et c’est la raison qui en fait son mérite. En permanence, il nous anime, nous fait marcher, travailler, manger, forniquer, bailler, dormir. Toutes nos actions, nos réactions sont, en fait, soumises à son diktat constant, auquel il est impossible de résister. Les psys l’appellent « pulsion de vie ». C’est, en fait, un ordre informel qui part de l’intérieur et commande notre fonctionnement. Malgré mes recherches, je n’ai pas trouvé le site responsable. Ses défenses sont efficaces et son Q.G. trop bien caché pour être détectable. On ne peut que constater que ses directives sont obéies sans discussion.
 
Des cas de tergiversation – on  peut même parler d’opposition – sont observables. De plus en plus souvent, il y a des menaces de subversion en interne et les sous-ordres prennent facilement le dessus. L’augmentation de l’obésité illustre cette dérive préoccupante. L’ordre donné est sans équivoque. L’homme - la femme un peu plus - est persuadé(e) qu’il (elle) doit moins manger de cochonnailles, de pizzas, de gâteaux, de MacDo et, quoique convaincu de la nécessité de maigrir, il passe outre les menaces, les recommandations. Il préfère suivre l’ordre de son estomac qui crie famine et s’empiffre au risque d’en mourir. La même désobéissance aux ordres de bon sens se rencontre chez les drogués au tabac, à l’alcool, à la coke, à la vitesse. Ils savent qu’ils ont tort, qu’ils se font du mal, qu’ils vont en mourir : entre deux ordres, ils choisissent, malgré eux, le pire.
 
À l’opposé existe un ordre, mineur chez la plupart qu’il est facile d’ignorer mais qui, chez certains, devient majeur: la pulsion de mort. Elle atteint son acmé chez les serial-killers. Ils font des hécatombes à outrance. Les plus logiques se font justice à eux-mêmes. D’autres, encore plus nombreux – 10400 en 2010   – se font Hara-kiri, en réponse à une demande intérieure à laquelle ils n’ont pas la force de résister. Ces suicidés sont soit des déserteurs qui ne supportent plus les ordres, soit des soldats héroïques qui exécutent eux-mêmes la sentence.
L’instinct, la morale, l’éducation qui donnent leur ordre depuis le Q.G. dont nous avons décelé l’existence sans en connaître exactement l’emplacement, ont chez l’homme (la femme) des destinées variables, des comportements divers avec des résultats aléatoires. Des individus se font remarquer parce qu’ils peuvent se suffire à eux-mêmes pour ce qu’on appelle les actes élémentaires de la vie : se vêtir, se nourrir mais qui n’arrivent pas à ne pas dépendre des autres pour le reste. Ils leur demandent ce qu’il faut penser, s’ils veulent bien les faire travailler, comment s’amuser. Ils sont incapables de décider eux-mêmes de ce qu’ils feront de leur vie. Ils sont faits pour obéir, recevoir des commandements, des feuilles de route, des fiches de paie. Ils attendent l’ordre d’autres en action et n’en donnent qu’à l’injonction. Ils ne sont jamais à leur compte mais employés, à la chaîne. Ils refusent les directions, les promotions. Ils ne se sentent à leur place que s’ils sont aux ordres.
 
À l’inverse – et heureusement pour les précédents- il existe des surdoués de l’ordre. Les monarques, les empereurs, les chefs d’État, de gouvernement, d’entreprise, les petits chefs. Leur mission est de donner des ordres, de veiller à leur exécution. Nuit et surtout jour – leurs ordres se déploient, se proclament. Agissant au nom de leur ordre intérieur très directif, ils imposent aux autres leurs décisions avec une autorité qui n’a pas de mal à s’exercer car à sa discrétion, il y a la foule de ceux qui n’attendent que les ordres pour s’ébranler, marcher, travailler, vivre leur vie de condamnés à obéir.
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