Il eut un enterrement à l’américaine avec de belles homélies
terminales.
Il y eut les mensonges habituels. Il fut qualifié :
- de mari modèle,
- d’ami fidèle,
- de père exemplaire,
- d’organisateur hors pair,
- de sportif accompli,
- de soldat courageux,
- d’élève espiègle.
Il y eut :
- L’improvisateur : « Lui, qui était toujours en retard, c’est la première fois qu’il est en avance sur l’heure d’arrivée ».
- Celui qui resta coi : « Son départ a été si rapide qu’il m’a laissé sans voix. Heureusement que j’ai mes yeux pour pleurer ».
- Le politicien de service qui en profita pour tenir un petit meeting : « loyal à notre parti, fidèle à nos idées, toujours prêt à porter nos couleurs, tu étais au service de tous, dans ton engagement à mes côtés. Notre triomphe demain sera aussi le tien, etc., etc. ».
- Le général de réserve engagé par la veuve et toujours nostalgique : « À mes côtés, à la 2ème D.B. il aurait pu montrer, s’il avait été moins jeune, ce qu’on aurait pu faire en 39 si on en avait eu les moyens ».
Mais il fallut clore, l’homme en noir du service funèbre
s’impatientait, il avait d’autres corbillards à vider. Son ami d’enfance
qui ne l’abandonna jamais, son compère des bons coups, son complice des mauvais
coups, l’amant de sa femme, le père de son fils unique et un illuminato sur ses vieux jours, eut les
mots de la fin :
- « Ami, tu m’as parlé au moment où tu étais en train de mourir, quand tu sortais du tunnel et entrais dans la lumière. Tu as bien fait de ne pas revenir. Tu avais fait le tour de tout. Tu n’avais plus de temps à perdre ici, tu avais un train à prendre. Bon voyage dans l’au-delà ».
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