Il est dangereux de parler avec un autre que soi-même car
une conversation est une entrée en guerre. La première question est une attaque
frontale : « Comment
allez-vous ? ».
La réponse fusse, directe : « Bien et vous ? ». C’est une contre-attaque incisive
qui renvoie la balle dans l’autre camp. Pas moyen d’y échapper, vous êtes
cerné, les hostilités ont commencé. Vous répondez par un
bombardement d’interrogations. Les représailles sont immédiates. Vous reculez
sous le déchaînement des réponses. Les échanges sont incessants. Vous demandez
une trêve, le temps de se rafraîchir d’un verre d’eau, de se remonter le moral
d’un pastis. Les batteries rechargées, la discussion reprend. À bout
d’arguments, vous cherchez une échappatoire, la tangente, vous prétextez une
lettre à poster avant la levée, un train à prendre avant le prochain… Le
vainqueur est le gagnant du dernier mot.
Pour vous, c’est une défaite honteuse, une déroute. Vous
avez le moral de Napoléon au soir de la Bérézina. Il ne perd rien pour
attendre. La revanche sera éclatante. J’attaquerai sans préavis avec des
munitions de qualité, une préparation d’artillerie lourde, avec des arguments affûtés.
Il sera humilié, écrasé, foudroyé, ce paltoquet, ce faux-ami. Il se croyait le
plus fort parce qu’il avait remporté une bataille. Moi, monsieur, c’est la
guerre que je vais gagner!
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