Avec le printemps revient le temps des vide-greniers. Quand
tout ce qui avait de la valeur est parti chez les chineurs, les brocanteurs et
qu’il ne reste que le rebus, les détritus, vers 11h-12h, j’arrive avec mon air
de mine de rien et je fouine. On y trouve tout ce qui ne sert plus faute
d’avoir trop servi. C’est le dernier voyage avant le dépotoir. Elles sont
heureuses, ces vieilles bricoles, d’avoir un jour de sursis et peut-être plus
si un collectionneur y trouvait son bonheur. Je leur laisse ce rayon. Le mien
est plutôt dans le deuxième. Celui des livres abandonnés, à la couverture
défraîchie, à l’auteur oublié, au titre sibyllin et à la moralité douteuse. Le
dimanche précédent, celui qui a suivi l’évènement qui fit tant de bruit, j’ai
ainsi trouvé, dans une valise qui avait beaucoup voyagé, un opuscule, publié
pour le compte d’un auteur inconnu. Édité à Romorantin, broché chez Taupin, il
ne payait pas de mine et si je n’avais pas un esprit de contradiction, il
serait resté où il était, inconnu, enterré sans tambours ni trompettes.
Après deux heures de discussion serrée, trois faux départs, je l’arrachais pour 5 centimes d’euros à une harpie en forme d’arpiat. Après l’avoir passé au micro-ondes pour le débarrasser des mites, termites et autre cancrelats, je l’ai ouvert, avec des pincettes et, miracle, le trésor : des pages pleines d’oracles, de maximes, de pensées, comme je les aime, comme vous les aimez, du MarcO, du Pascal, du Cioran, du Gracian au mieux de leur forme. Titine va devoir s’accrocher. C’est du lourd.
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