Un
mot, un adverbe, « effectivement », envahit le discours, le
dialogue. Il émaille, de façon compulsive, la conversation. L’écoute de la
radio devient pénible par sa répétition outrancière. A la façon d’une pandémie,
l’habitude s'est répandue. Personne ne paraît s’en offusquer ou s’en inquiéter.
Ce
tic mérite pourtant l’attention car l’usage abusif d’« effectivement »
est révélateur. Censé donner de la force, de la réalité, de l’objectivité, sa
répétition incessante a un effet inverse. Il pollue non seulement l’écoute mais
dévalorise le locuteur. Il manifeste une perte de contrôle de son vocabulaire,
donne la preuve qu’il n’écoute pas ce qu’il dit et a besoin de renforcer un
message qu’inconsciemment il juge peu crédible. Celui qui sacrifie à ce
conformisme langagier ne peut prétendre être un esprit original qui mérite
l’attention.
« Effectivement » peut se
définir comme l’équivalent d’un point d’affirmation. C’est lui faire perdre
cette qualité que d’en faire une tautologie en forme d’écholalie devenant
aussitôt le symptôme d’un état confusionnel, triste signature d’une époque…
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