Nous avons anciennement parlé de la tyrannie du temps à laquelle certains succombent. Les tyrans domestiques ne se limitent pas à la montre, il y en a pleins d'autres que nous allons clouer au pilori.
Le tyran peut être intérieur et secrété par nos humeurs. Il prend le plus souvent la forme d'une faim de loup ou d'une soif dévorante. Ses exigences sont impérieuses. Elles doivent être satisfaites sous peine d'une souffrance impossible à négliger. La crampe nocturne dans le mollet ou la cuisse nous sort du lit sans nous demander notre avis et est difficile à contenter pour qu'elle daigne disparaître. Nous pourrions continuer en réveillant des souvenirs pénibles ou en anticipant des évènements dictatoriaux où nous n'avons pas notre mot à dire. Je citerais, pour mémoire, les rages de dents, une crise de colique néphrétique, une migraine et j'espère que l'angor et l'AVC vous épargneront.
Il peut être extérieur et impose sa volonté si nous n'avons pas un esprit de résistance digne d'un autre temps. Le coup de téléphone est le plus fréquent et donc irritant. Le satisfaire est devenu un automatisme. D'une façon générale, les habitudes travaillent sur un mode réflexe et la tyrannie qu'elles exercent passe inaperçue. Sa perversité prend cette forme insidieuse. Les chats et les chiens nous la font subir en permanence. Sous le prétexte qu'ils doivent nous supporter, ils en profitent pour abuser de notre amour pour eux et multiplient les caprices qui font perdre argent, temps, patience. Cela sans jamais un mot de remerciement.
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