"Dancharr, merci de me recevoir, vous venez de publier votre neuvième ouvrage, "Sombres lueurs". Un tel titre fait présager une œuvre crépusculaire? "
"Rien de tel, j'y ai mis tout mon optimisme, ma joie de vivre et une jeunesse de caractère qui fait le bonheur de mon entourage. Comme les précédents, je l'ai conçu comme la carte d'un restaurant d'où l'on extrait ce que l'on aime avec cependant une différence : tout est dans le désordre. On y trouve des amuse-gueules poivrés-salés, quelques plats de résistance roboratifs parfois corsés. Je privilégie les desserts très sucrés. Le service est compris dans le prix du livre qui coûte moins cher que ce qu'il vaut."
"Je n'en doute pas, avec vous, on en a toujours pour ses quelques euros. Quel accueil ?"
"Excellent, mon éditeur est très content, l'imprimante fait les trois-huit. Son lectorat ne court pourtant pas les rues, plutôt les boulevards, je m'adresse, en effet, à une clientèle qui consomme du béluga blanc et de la truffe d'Alba, boit du Petrus et de l'Yquem et mange chez Ducasse. Vous ne me verrez pas dans les foires du livre. Je le vends au goutte à goutte à ces connaisseurs au palais raffiné et à l'estomac bien accroché. Je le déconseille aux constipés, aux hypocondriaques, aux colitiques, aux atrabilaires. Ils risquent des perforations, des éventrations, des indigestions."
"Les voilà avertis et ils vous en remercient. On attend tous le prochain avec la même patience que les précédents. Une dernière question: comment faites-vous pour résister à l'appel du silence?"
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