Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


lundi 11 décembre 2023

TYPOLOGIE DES ENNEMIS

Nous retiendrons la classification classique qui distingue l'ennemi intime, l'ennemi mortel et l'ennemi héréditaire. 

L'ennemi intime se définit avant tout par sa proximité. C'est sa seule qualité: on n'a pas besoin d'aller le chercher loin et l'on évite de se fatiguer. Lui-même ne se déclare pas comme tel car il est habile, malin, retors, hypocrite et dissimulé. Ces seuls défaut suffiraient à le rendre antipathique. Cette personne que, dans votre esprit, vous qualifiez de telle et qui œuvre dans un espace qu'il partage peu ou prou avec vous est soit un proche (frère, sœur, père, mère, cousin, cousine, époux, épouse), soit un voisin, soit un collègue (bureau, atelier), soit un confrère (médecin, avocat, professeur, évêque), soit un partenaire (golf, foot, rugby, bridge, échec etc.). L'origine de cette inimitié (le mot est faible, ennemitié serait plus adapté mais il n'existe pas en français, nous l'adopterons cependant, que l'Académie française aille au diable) est remarquable par sa diversité. Elle peut naître de peu: un mot de trop ou de travers, une plaisanterie mal comprise, l'oubli d'un anniversaire. Dans tous les cas, le fait en cause sera mal interprété (en général, il prête à confusion) et servira de prétexte opportun à la  décompensation d'une hostilité larvée qui n'avait pas encore osé se déclarer ouvertement. Une multitude de raisons supplémentaires n'attendaient que l'occasion pour affluer et fortifier la déclaration de guerre in petto. En dehors de la famille - le terrain est rendu fertile compte tenu de la richesse des occasions due à la petitesse du cercle. Dans le travail ou la  distraction, l'ennemitié naît de la jalousie et de la rivalité. Ces deux moteurs sont puissants et rendent capables de tout. L'arme habituelle et la plus efficace est le croche-pied sur le terrain, la calomnie en coulisses.

L'ennemi mortel est dangereux par définition puisque la haine conduit au crime. Il se rencontre dans plusieurs circonstances. Une fréquente, si on compulse les annales judiciaires, est celle qui transforme une épouse  aimante en veuve éplorée à répétition. En réalité, c'est une femme fatale qui occit l'époux pour toucher l'assurance et les économies du mort soudain. Plus rarement, il s'agit d'une femen radicalisée qui a trouvé ce moyen expéditif pour débarrasser l'espèce  de plusieurs exemplaires masculins. Le plus souvent, l'ennemi est devenu mortel par le simple jeu d'un antagonisme idéologique, commercial, politique, religieux. L'intérêt, la bêtise sont les deux facteurs associés toujours retrouvés.

L'ennemi héréditaire appartient à l'histoire de la patrie. Il remonte à la nuit  des temps et son origine serait restée inconnue si je ne m'y étais pas intéressé. Prenons l'exemple de la France et de l'Angleterre, des ennemis héréditaires qui profitent de toutes les occasions pour le démontrer au point de sauter sur elles. Quelques épisodes comme l'Entente Cordiale enterre de temps en temps la hache, pour la galerie. Mais l'armistice ne dure jamais, les hostilités reprennent au plus léger prétexte, les anglais, on le sait depuis bien avant Trafalgar, Waterloo, Azincourt et la Guerre de 100 ans n'étant pas les gentlemen qu'ils prétendent. Cela les français le savent dès le berceau. C'est inné chez eux. Pour être franc et ne pas être accusé de parti-pris - je ne suis heureusement pas anglais - il se dit, disais-je, dans les milieux bien informés, que les rosbifs téteraient aussi de la haine du français au sein de leur mère. La haine héréditaire est donc inscrite dans le génome avec un caractère dominant. Voila une première explication. Comment, au début de la chaîne, ce sentiment chevillé et ancestrale est-il entré et n'est plus jamais sorti. Ça n'a pas été facile, mais à force de déductions, de recoupements, de croisements, j'ai réussi à découvrir le pot aux roses (une expression bien de chez nous, les froggies) et suis remonté à l'évènement fondateur. 600 000 ans avant J-C, quand la GB était encore rattachée au continent. Une tribu anglaise qui voisinait en vivotant de vols et de rapines avec des français du cru se rencontrèrent sur un terrain pour jouer à ce qui ressemblait à un bouzkachi mais à pied (le cheval n'avait pas encore été domestiqué ndlr). À la suite d'une erreur volontaire de l'arbitre qui avait été acheté, l'équipe anglaise fut déclarée vainqueur. Rien n'y fit, la décision fut entérinée par les instances. Les français légitimement outrés protestèrent, en vain. La querelle fut enterré mais jamais oubliée. L'antagonisme entre les deux équipes se propagea aux familles, au voisinage, à la contrée, pris les proportions que vous imaginez et il commença à se propager de père en fils, de génération en génération jusqu'à nos jours. De sorte que nous en déduisons, avec une marge d'erreur acceptable que l'anglais est l'ennemi héréditaire du français depuis 600 000 ans et des poussières. Les anglais eurent le même problème avec les écossais, les gallois, les irlandais et je me demande et vous aussi comment ils arrivent à vivre, encerclés par tant d'ennemis. Nous, on n'a qu'eux et quelques autres lointains comme les corses en pleine méditerranée ou les algériens, les tunisiens et les marocains. Nous sommes en sécurité car les espagnols forment un tampon de sécurité bienvenu même s'ils ne nous aiment pas depuis qu'on leur a donné un Bourbon pour roi et que Napoléon ait voulu en faire nos esclaves). Tout le monde a un ou plus ennemis héréditaires: la Colombie a l'infâme Pérou, l'Argentine la Grande Bretagne, la Corée du Nord la Corée du Sud, l'Arménie la Turquie, l'Algérie le Maroc. Les mêmes mauvaises raisons sont interchangeables et cela les rend  insurmontables, les éternise.

Vous voila renseignés mais soulignons que l'ennemi est un demi-mal nécessaire parce qu'il renforce l'individu autant que la société en les obligeant à mobiliser l'énergie, à lutter, à se défendre, à grandir et à devenir meilleurs que l'ennemi pour le battre, le vaincre et ne pas devenir leur serviteur.

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