Hier, la force, la ruse, le crime, le courage, l'ambition, l'intelligence, la chance, la filiation permettaient d'accéder au pouvoir et d'imposer sa loi, sa dictature, son bon plaisir, de gouverner.
Aujourd'hui, le pouvoir est devenu un bien monnayable que les très riches achètent.
Au niveau national, les milliardaires affichent leur fortune dans leur palais, leurs châteaux, leurs bateaux, leurs avions, leurs musées. Ils achètent les journaux, les radios, les télévisions, les journalistes pour forger l'opinion des consommateurs. Mais ils se cachent dans les coulisses pour sécuriser leurs possessions et, pour s'assurer que le gouvernement n'aille pas contre leurs intérêts, qu'il ne rende pas la justice indépendante, qu'il n'établisse pas l'égalité devant l'impôt, qu'il ne fasse pas passer le bien public devant le privé, ils choisissent ceux qui vont gouverner, leur en donnent les moyens, éliminent les gêneurs, la concurrence. Les médias qu'ils contrôlent font leur métier en les rendant attrayants, prometteurs, désirables, à consommer sans modération et immédiatement. Ils trouvent facilement des idiots intelligents dans les écoles spécialisées, les cabinets ministériels, les banques d'affaires. Ils doivent avoir les dents longues, la gueule de l'emploi, une apparence d'honnête homme, un beau pedigree et une âme servile prête à obéir à ceux qui les ont mis là.
À l'international, ce pouvoir-là n'en n'a pas beaucoup. Il dépend d'une force encore plus grande qui n'en ferait qu'une bouchée. Anonyme, supra-étatique, elle se cache dans les holdings, les consortiums qui sont eux-mêmes possédés par des entités tentaculaires qui possèdent, in fine, tout. La plus connue s'appelle Blackrock. Ce fond de placements est le plus gros et pèse 8.600 milliards de dollars. Ils sont douze au total à en posséder 33 billons et à détenir le pouvoir financier, économique et politique de la presque totalité de la planète. Neuf sont américains et c'est pourquoi ce sont les USA qui gouvernent le monde et sont responsables de son état.
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