Nous allons aborder un sujet délicat jamais abordé. Les âmes sensibles sont priées de ne pas lire ce qui va suivre. Elles pourraient avoir des palpitations, des hauts le cœur, vomir de dégout, s'évanouir. Je ne veux pas les traumatiser pour ne pas m'en vouloir et les obliger à changer le regard qu'elle porte sur la crème de la société. Je vais donner aux autres une image inavouée et inavouable de professions respectées et respectables.
Le médecin gagne sa vie en exploitant la souffrance, la maladie, la peur de la mort de ses clients. Par intérêt, il les prolonge aussi longtemps qu'il sera payé.
L'avocat est dénué de scrupules et défend aussi bien l'innocent que le coupable, l'assassin que l'orphelin pourvu que le client soit capable de payer les avances sur sa facture finale, procès gagné ou perdu. Son métier consiste à zigzaguer entre les articles du code pénal, à détourner l'attention du jury, à enchaîner les belles phrases et à mentir sans rougir.
Le militaire a la vocation de sauver sa patrie ou d'aller défendre ses intérêts en attaquant les ennemis au péril de sa vie. Martial, sachant défiler au pas cadencé, il est sans pitié et, discipliné, lâche des tapis de bombes pour faire le vide (les civils sont des soldats sans uniforme ou des sympathisants ou des complices ou de futurs soldats), lance des fusées, fait partir des obus et nettoie le terrain.
Le religieux. Sa croyance le rend sourd, muet et aveugle devant les catastrophes que le prosélytisme de sa foi provoque chez ceux ne la partageant pas.
L'éleveur de bestiaux, de cochons, de poules, d'escargots, de poissons est un monstre d'hypocrisie. Il proclame un amour de la nature, des êtres qu'il élève, soigne, nourrit. Ce n'est pas un métier mais un sacerdoce, dit-il en caressant le cul d'une vache, la larme à l'œil. Il le fait, en fait, pour l'argent et se moque de la pauvre vache qu'il enverra comme le reste du troupeau se faire massacrer à l'abattoir, dépecer vivante à l'occasion, et finira sa triste vie dans une assiette, en bœuf bourguignon.
Nous abrègerons notre réquisitoire politiquement incorrect par une apothéose qui va vous plaire. Les père et mère, des êtres exquis mettent au monde, élèvent, soignent, nourrissent des enfants qui feront des médecins, des avocats, des militaires, des ouvriers, des salariés, des soldats, des gendarmes, des voleurs, des assassins, des drogués et qui, avant de mourir, seront passés par les cases souffrir, vieillir.
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