Disparu depuis la Belle époque de la scène musicale, le
pétomane a eu son heure de gloire. Il était fort prisé de nos aïeux et il a
disparu, victime de l’évolution des goûts, d’un changement alimentaire et,
aujourd’hui, des écologistes radicaux qui prétendent qu’il nuit à la couche
d’ozone.
Auto-portable, l’objet, sans en être un, ne se fait pas
remarquer. C’est aussi le seul instrument qui permet de s’applaudir soi-même. Je
l’ai connu à la Philharmonique. Plus que Karajan, il attirait les foules. Sa
sonorité exceptionnelle détonnait parmi les instruments à vent. Capable de
tout, il pouvait à lui seul simuler l’orage dans tous ses vibratos et, dans les lieders il enrichissait la partition du pianiste car, parfumé à la marjolaine, il
enveloppait l’atmosphère de la suavité romantique qui incline à l’abandon des
sens. Très vite, le syndicat des grosses caisses refusa sa compagnie sous le
prétexte que le méthane dégagé aurait perturbé les vibrations du xylophone. L’artiste, repoussé, sombra dans la
mélancolie, les drogues dures et le charbon de Belloc lui fit perdre ses
moyens. Je n’en entendis plus parler et c’est ainsi que disparut le musicien le
plus extraordinaire que j’ai jamais entendu.
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