Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 4 avril 2013

LES MÉTIERS DANGEREUX (3)


Nous aborderons les métiers dangereux avec précaution.
Vous partagez mon appréhension et je vous comprends. Ce sont des métiers réservés à des individus que la vocation place, à leur décharge, il faut leur reconnaître cette circonstance atténuante, dans des situations où ils exposent leur vie – et parfois celles de parfaits inconnus – à une conclusion prématurée. La liste de ces professions à la potentialité mortelle à brève échéance n’est heureusement pas très longue. Elle est parfaitement adaptée au petit nombre des candidats concernés.
Malgré le risque inhérent aux conditions d’exercice, on peut remarquer que ces emplois à court terme jouissent encore  - pas tous – d’un prestige que l’on comprend, à défaut de pouvoir l’expliquer brièvement aux petits enfants qui s’y voient déjà. On a ainsi :

Pilote d’essai

Le remplacement des avions de combat par des drones et de bombardement par des missiles de croisière fait déjà de ce métier un emploi mythique et ne fera rêver que les épris de vitesse.

Militaire de carrière.

Voué à la défense de la patrie en temps de guerre, à la délocalisation dans des pays à feu et à sang quand il n’est pas occupé à se battre chez lui (cas le plus fréquent, depuis la grande dernière) le militaire a fière allure quand il défile le 14 juillet devant un arc de triomphe. C’est son jour de gloire quand il est vivant ; mort il en aura un mais aux Invalides, devant le président de la République, le ministre des Armées et ses collègues émus et étonnés d’être encore vivants.
 
Le risque décrit ci-dessus reste minime et ne doit pas décourager une âme qui n’est pas entièrement rassurée sur la qualité de sa trempe. Le militaire meurt généralement dans son lit, entouré de l’affection des siens et après une longue retraite s’il a passé sa vie en garnison dans les DOM-TOM ou dans nos ex et futures colonies.
 
C’est de cette longue vie de garnison dont il nous faut parler pour traiter des dangers de la vie militaire. Réformé catégorie 2, je ne connais pas la société militaire. Je laisse Bernard Giraudeau nous dire ce qu’il en pense, lui qui, marin de carrière dans la Royale, l’a fréquentée et jugée avec sa belle sensibilité d’artiste de la scène et de la plume :
 
« Dans l’enclos de l’armée vivent des âmes qui peu à peu se dessèchent. Certains y ont trouvé là un refuge, d’autres une voie, véritable raison de leur vocation. Ils le pensaient avant de vivre au sein de cette mauvaise société et maintenant le regrettent mais s’adaptent malgré tout dans ce milieu impersonnel où toute moralité s’exclut du monde réel de la vie. Toute personnalité s’efface dans la masse.
 
Quelques-uns, et je fais mon possible pour être de ceux-là, tentent de sortir de ce sommeil malfaisant. Nous luttons contre ce sommeil troublé par des règles absurdes qui abaissent l’être. Il est prisonnier de quiconque lui est supérieur en grade et, là, je pèse mes mots.
 
Non ! Ce n’est pas la vie et la place d’un homme. Son instruction, son niveau social, son idéal moral disparaissent et sont réduits au néant ». (Bernard Giraudeau, Le Baroudeur romantique, Bernard Tessier. Ed. L’Archipel 2011, p.47).
Vous voilà avertis d’un danger mortel pour l’âme, auquel vous ne pensiez pas. Cela ne doit pas vous décourager. Vous sauverez, peut-être, la Patrie qui vous en sera éternellement reconnaissante. Là - comme vous l’auriez été ailleurs - vous serez d’exception.

Le transporteur de fonds

Le métier nécessite un altruisme hors norme, avec un amour de l’argent du prochain pouvant aller jusqu’au sacrifice. Ce métier paie un lourd tribut à la guerre civile qui lui fait affronter les pilleurs de banque. Ces gangsters, à l’instar des desperados de l‘Ouest qui pirataient les diligences porteuses d’or, ne font pas de quartier. Ils attaquent les coffres-forts ambulants et les convoyeurs de fonds au bazooka, à la kalachnikov, au missile anti-char. Cette guerre d’embuscade, imprévisible, satisfera des cœurs vaillants, désintéressés, courageux, sachant que leurs exploits resteront anonymes, qu’ils n’auront la reconnaissance de personne mais seront accusés de connivences, soupçonnés de complicité et pour un salaire de misère.

Le guide de haute montagne

Il vit dans un milieu difficile et doit se méfier des avalanches, ne pas tomber dans les crevasses, résister à des froids sibériens, aux tempêtes de neige. À ces péripéties qui font l’ordinaire de l’ascension d’une face Nord, il doit toujours être prêt à offrir sa vie pour sauver celle du client. Le manque d’oxygène qui sévit à ces altitudes obscurcit assez le fonctionnement du cerveau pour permettre de supporter de telles conditions de vie et les perspectives d’avenir. Métier à réserver à ceux qui n’ont pas peur du froid, de la glace, du vertige, d’en finir.
 (à suivre)                             

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