Nous aborderons les métiers
dangereux avec précaution.
Vous partagez mon appréhension et
je vous comprends. Ce sont des métiers réservés à des individus que la vocation
place, à leur décharge, il faut leur reconnaître cette circonstance atténuante,
dans des situations où ils exposent leur vie – et parfois celles de parfaits
inconnus – à une conclusion prématurée. La liste de ces professions à la potentialité
mortelle à brève échéance n’est heureusement pas très longue. Elle est
parfaitement adaptée au petit nombre des candidats concernés.
Malgré le risque inhérent aux
conditions d’exercice, on peut remarquer que ces emplois à court terme
jouissent encore - pas tous – d’un
prestige que l’on comprend, à défaut de pouvoir l’expliquer brièvement aux
petits enfants qui s’y voient déjà. On a ainsi :
Pilote d’essai
Le remplacement des avions de combat par des drones et de
bombardement par des missiles de croisière fait déjà de ce métier un emploi
mythique et ne fera rêver que les épris de vitesse.
Militaire de carrière.
Voué à la défense de la patrie en temps de guerre, à la
délocalisation dans des pays à feu et à sang quand il n’est pas occupé à se
battre chez lui (cas le plus fréquent, depuis la grande dernière) le militaire
a fière allure quand il défile le 14 juillet devant un arc de triomphe. C’est
son jour de gloire quand il est vivant ; mort il en aura un mais aux
Invalides, devant le président de la République, le ministre des Armées et ses
collègues émus et étonnés d’être encore vivants.
Le risque décrit ci-dessus reste minime et ne doit pas
décourager une âme qui n’est pas entièrement rassurée sur la qualité de sa
trempe. Le militaire meurt généralement dans son lit, entouré de l’affection
des siens et après une longue retraite s’il a passé sa vie en garnison dans les
DOM-TOM ou dans nos ex et futures colonies.
C’est de cette longue vie de garnison dont il nous faut
parler pour traiter des dangers de la vie militaire. Réformé catégorie 2, je ne
connais pas la société militaire. Je laisse Bernard Giraudeau nous dire ce
qu’il en pense, lui qui, marin de carrière dans la Royale, l’a fréquentée et
jugée avec sa belle sensibilité d’artiste de la scène et de la plume :
« Dans l’enclos
de l’armée vivent des âmes qui peu à peu se dessèchent. Certains y ont trouvé
là un refuge, d’autres une voie, véritable raison de leur vocation. Ils le
pensaient avant de vivre au sein de cette mauvaise société et maintenant le
regrettent mais s’adaptent malgré tout dans ce milieu impersonnel où toute
moralité s’exclut du monde réel de la vie. Toute personnalité s’efface dans la
masse.
Quelques-uns, et je
fais mon possible pour être de ceux-là, tentent de sortir de ce sommeil
malfaisant. Nous luttons contre ce sommeil troublé par des règles absurdes qui
abaissent l’être. Il est prisonnier de quiconque lui est supérieur en grade et,
là, je pèse mes mots.
Non ! Ce n’est
pas la vie et la place d’un homme. Son instruction, son niveau social, son
idéal moral disparaissent et sont réduits au néant ». (Bernard
Giraudeau, Le Baroudeur romantique, Bernard Tessier. Ed. L’Archipel 2011,
p.47).
Vous voilà avertis d’un danger mortel pour l’âme, auquel
vous ne pensiez pas. Cela ne doit pas vous décourager. Vous sauverez, peut-être,
la Patrie qui vous en sera éternellement reconnaissante. Là - comme vous
l’auriez été ailleurs - vous serez d’exception.
Le transporteur de fonds
Le métier nécessite un altruisme hors norme, avec un amour
de l’argent du prochain pouvant aller jusqu’au sacrifice. Ce métier paie un
lourd tribut à la guerre civile qui lui fait affronter les pilleurs de banque.
Ces gangsters, à l’instar des desperados de l‘Ouest qui pirataient les
diligences porteuses d’or, ne font pas de quartier. Ils attaquent les
coffres-forts ambulants et les convoyeurs de fonds au bazooka, à la
kalachnikov, au missile anti-char. Cette guerre d’embuscade, imprévisible, satisfera
des cœurs vaillants, désintéressés, courageux, sachant que leurs exploits
resteront anonymes, qu’ils n’auront la reconnaissance de personne mais seront
accusés de connivences, soupçonnés de complicité et pour un salaire de misère.
Le guide de haute montagne
Il vit dans un milieu difficile et doit se méfier des
avalanches, ne pas tomber dans les crevasses, résister à des froids sibériens,
aux tempêtes de neige. À ces péripéties qui font l’ordinaire de l’ascension
d’une face Nord, il doit toujours être prêt à offrir sa vie pour sauver celle
du client. Le manque d’oxygène qui sévit à ces altitudes obscurcit assez le
fonctionnement du cerveau pour permettre de supporter de telles conditions de
vie et les perspectives d’avenir. Métier à réserver à ceux qui n’ont pas peur
du froid, de la glace, du vertige, d’en finir.
(à suivre)
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