Je vous avais promis de parler des métiers. Après avoir pris
le temps d’y réfléchir, je vous livre le fond de ce que j’en pense (je n’aurais
pas la prétention de m’attaquer aux métiers d’avenir, n’ayant aucune prétention
dans la prédiction du futur. Je la laisse aux devins autoproclamés, arnaqueurs
professionnels).
Il est devenu très important de bien choisir son métier
depuis qu’il a été annoncé ici et ailleurs que les ouvriers étaient en train de
céder leur place derrière les machines. Il allait y avoir une reconversion
générale de la population active vers des secteurs d’activité ne faisant pas
appel au monde ouvrier. Le point est tel et la chose assez certaine pour que le
mot « ouvrier » disparaisse de la version universelle du dictionnaire
officiel de la langue français.
Trois types de métiers sont sur le marché et disponibles
actuellement :
- les beaux métiers ;
- les métiers utiles ;
- les métiers dangereux.
Chacun se divise en sous-catégories associant des qualités
complémentaires ou contradictoires obligeant à utiliser pour les caractériser
plus précisément des adjectifs qualificatifs supplémentaires du genre :
sale, pénible, facile, difficile, nécessaire, à risque. Ils seront adjoints à
l’adjectif principal quand la précision sera la bienvenue pour éviter une
déception qui pourrait être fatale quand vous aurez pris votre décision.
Les beaux métiers
Pour une raison évidente (ce sont ceux que vous devez
examiner en premier car ils apportent le plus de satisfactions) il y a les
Beaux Métiers (en abrégé BM).
Ils doivent leur succès à une fascination qui n’a rien d’étrange
ni de mystérieux. Elle est naturelle et en rapport avec une réputation méritée.
Les BM sont les métiers d’art. Ils attirent deux types de
personnalités : l’artiste et l’artisan. Tous les deux exigent des qualités
exceptionnelles, un haut niveau de spécialisation et de longues années de
formation.
Exigences physiques : habilité manuelle, vocale, auditive,
sensibilité interne et externe développée aux bruits, aux odeurs, aux formes,
aux couleurs.
Exigences morales : volonté, ardeur, résistance à la fatigue,
au découragement, suite dans les idées, jeunesse amoureuse de la bohème,
imagination débordante.
Seuls ceux et celles dotés du
bagage d’un tel héritage peuvent prétendre à ces BM.
Artiste vous voudrez être :
- chanteur lyrique ;
- premier prix du conservatoire national de musique ;
- chef d’orchestre titulaire à la Philarmonique ;
- peintre officiel du musée du Louvre ;
- futur académicien ;
- lauréat du prix Goncourt, Interallié, Livre Inter ;
- réalisateur primé au Festival de Cannes, Locarno, Berlin, de la Mostra ;
- premier prix de la BD au festival d’Angoulême ;
- nominé(e) aux Oscars, aux Césars ;
- Sociétaire de la Comédie française ;
- Successeur d’Arditi sur Théâtre de Boulevard ;
- Chroniqueur à l’Express, au Point, au Petit Journal, au Monde, au Figaro ;
- Organiste à Notre-Dame de Paris ;
- Photographe officiel du président de la République ;
- Nez n°1 chez Dior parfum, Gallet, Chanel…
Mais il y a beaucoup de
postulants et peu d’élus. Le risque de finir artiste raté est grand si, en plus
de toutes vos qualités qui auraient dû suffire, vous n’avez pas la principale
qui s’appelle la Chance.
En son absence, vous allez finir
par être un artiste raté et toute votre vie vous ne serez que :
- derrière le rideau ou la caméra, un figurant, un artiste de complément, une doublure, un itinérant vivant du chômage ;
- un peintre du dimanche, un fabricant de croûtes ;
- un chanteur de rue, un choriste perdu dans le chœur, un chanteur de karaoké ;
- un habitué des crochets, un musicien amateur, un accordeur de piano, un nez chez L’Oréal, Séphora, Yves Rocher ;
- un écrivain public, un Ghost-Writer, un nègre de Bellemare, de de Villiers, un préfacier, un correcteur de coquilles ;
- un lecteur chez Gallimard, un écrivain raté, à compte d’auteur, maudit ;
- un spécialiste des faits divers, des chats crevés, un journaliste de Métro, au placard sur France Inter, au Figaro, à France 2, 3, 4, 5, 6, 7, etc.
Si vous n’avez pas la chance
d’être un artiste à la réussite assurée, l’artisan est une belle option.
Les qualités sont identiques à celles
de l’artiste avec l’obligation d’années de formation pour aguerrir la dextérité
d’un maître au service d’un sens du profond de la matière qui saura magnifier
la forme.
La chance ici n’a pas sa place.
Vous n’avez pas à vous soumettre à ses caprices. Votre talent suffira. Vous
serez alors :
- ébéniste, tailleur de pierre, fondeur
de cloches, graveur sur bois, cuivre, illustrateur, maquettiste, faiseur de
girouette, facteur d’orgue, souffleur de verre, orfèvre bijoutier, horloger,
luthier, paysagiste, inventeur de roses, staffeur, gantier, couturière, tailleur
de costards, cristallier, dentellière, ferronnier, vitrailliste, etc.
Tous ces métiers sont fatigants,
certains sont ingrats, méconnus, mal connus, mal payés, fatiguent la vue, le
dos, les bras, les poumons, se moquent du chaud, du froid. Ce sont des métiers
faits pour des durs au cœur tendre et à la tête bien pleine.
(à suivre : les métiers
utiles)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire