Les homophonies font rire jaune les étrangers qui apprennent
le français. Par exemple le « ic » et « ique » de
picnic (pique-nique) mais encore plus sûrement avec (le) tic et (la) tique,
(un) bic et (une) bique… Nous nous attarderons aujourd’hui sur la pique, après
nous être débarrassés du pic.
Le pic est divers. On a peu l’occasion d’en parler. Mais il
faut s’en méfier. Comme l’ortie, il est piquant. Si c’est un sommet, préférez
un dôme pour vous asseoir, il sera plus confortable.
La pique est plus intéressante. Aussi pointue qu’un pic,
elle a longtemps appartenu à l’histoire et il y a eu le célèbre régiment des
piques. Malheur à ceux qui s’y frottaient. Depuis longtemps abandonnée par les
armées, elle est devenue un instrument banal qui sert à ébrécher comme un pic
ou à embrocher comme une broche. Il y eut un détournement d’usage dans les
années de guillotinage révolutionnaire. La pique y servit au transport de têtes
fraîches. L’habitude a vite été abandonnée. Le spectacle était peu esthétique.
L’autre acception est aussi tombée en désuétude. Dans mon
entourage, je suis presque le seul à l’utiliser, avec précaution. C’est
dommage, car une pique placée au bon moment a un effet assuré. Son destinataire
se réveille, surpris. Trop tard, il est mouché. La pique servie à propos est un
coup imparable. Pour atteindre son but, elle doit être imprévue, vive, rester
légère, badine si possible, pas besoin d’appuyer. Ce n’est qu’une saillie, pas
une blessure. Sa charge est d’apporter un peu de sel à la conversation. Le sang
ne doit pas couler. Ce n’est à un ennemi que vous parlez, vous en avez assez.
Passez à autre chose, attaquez en plaisantant, pour changer.
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