Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


samedi 31 décembre 2022

UNE ERREUR ANCIENNE

La plus ancienne fut commise par Marc-Aurèle et Franco-Maria Ricci, dans sa présentation du tome I de ses admirables Annales de l’Art, consacré aux 5 premiers siècles nous la décrit avec tristesse et nostalgie. Je vous livre son passage et vous invite à le méditer : « Renouvier publia en 1876 une œuvre qui aurait mérité plus d’audience qu’elle n’en obtint, sous le titre un peu sibyllin d’Uchronie (l’Utopie dans l’histoire), Esquisse historique apocryphe du développement de la civilisation européenne tel qu’il n’a pas été, tel qu’il aurait pu être. C’était l’histoire imaginaire de la façon dont aurait pu se développer la civilisation européenne si l’Empire romain ne s’était pas effondré. Prenant comme point de départ la date de 175 (date également adoptée par Gibbon dans son "Décline and Fall of the Roman Empire", et ce n’est pas un hasard), Renouvier imaginait que le sage empereur Marc Aurèle - celui-là même qui ferme ce volume de sa main protectrice et bénissante - avait alors renié son abominable fils Commode pour adopter le génial Avidius Cassius. Il s’ensuivait une enthousiasmante série de réformes que nous appellerions aujourd’hui démocratiques; le christianisme, loin de prévaloir, restait une des nombreuses religions minoritaires; l’Empire se régénérait et résistait aux assauts des Barbares. Bref, tout allait si bien qu’au XVIe siècle d.O. (« des Olympiades », correspondant au VIIIè siècle de notre ère) l’Europe se trouvait dans un état de civilisation supérieur à celui qu’elle connaît aujourd’hui, si déplorable encore sous tant d’aspects. Nous nous serions épargné, en somme, un bon millénaire de Moyen Age et de guerres d’hégémonie. Cette fable positiviste, aussi stimulante que paradoxale, m’est revenue souvent en mémoire alors que je rassemblais et sélectionnais les matériaux destinés à constituer ce volume; et je m’attristais comme si j’avais dû mettre en montre, dans un magasin, les misérables restes d’un épouvantable naufrage. Si le peu qui nous reste est si beau, quel aura été l’immense patrimoine que nous avons perdu ? ».

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