Chaque matin, je veux savoir si je vais bien. Pour le savoir, je m'interroge et me demande si je n'ai pas mal au cœur, au ventre; aux articulations, si je respire bien, ne tousse pas, ne crache pas, ne boite pas. Ensuite je m'examine et prends ma température, compte mes pulsations, ausculte mon cœur à la recherche d'un souffle, mes poumons à la recherche de râles. Je palpe mon foie, déprime mon cadre colique, recherche mes artères pédieuses et tibiales postérieures. Je regarde le blanc de mes yeux, le fond de ma gorge. Je scrute ma peau à la recherche d'un mélanome. Je teste mes réflexes pupillaires, rotuliens, achilléens, crémastériens, abdomino-cutanés, la qualité de ma vue, l'acuité de mon audition. J'examine la transparence de mon pipi, la consistance de mes fèces. Je termine par les questions les plus délicates: la qualité de mon moral, l'état de mon sommeil, le contenu de mes rêves, la présence de cauchemars. Si je suis satisfait de mes réponses, si mon examen clinique est normal, je n'ai pas à aller chez le médecin mais au travail.
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