Je connais un général qui, après 30 ans de mariage avec un ordre chevaleresque, a repris sa liberté et décida de se lancer à la conquête du marché. Il commença par proposer des vélos électriques à des culs de jatte. Faute de clientèle, il investit dans les trottinettes pour unijambistes. Faillite aidant, il changea de créneau et s'orienta dans les gants pour manchot. Toujours à l'affut d'une meilleure affaire, il se fit VRP d'une marque de shampoing pour calvicieux et de mousse à raser pour femme à barbe. L'insuccès aidant, il se reconvertit dans l'alimentaire et proposa de la charcuterie pure porc en terre musulmane. Il s'essaya à la vente de vins de Bordeaux en Bourgogne et du prosecco en Champagne. Le succès n'étant pas au rendez-vous, il se mit à prier et une vocation tardive lui tomba dessus, façon saint Paul. Impérative, elle l'envoya au grand séminaire (en fait un trois pièces cuisine). Il en ressortit archiprêtre et le vicaire du curé d'une paroisse grande comme un département. Son supérieur hiérarchique, un cacochyme aveugle, sourd et muet lui déléguant tout le travail, il fut très occupé à dire la messe devant des chaises vides, à prêcher dans le désert et à courir la campagne à la recherche des âmes perdues. S'ennuyant à outrance, il fut reconnaissant au hasard qui mit sur sa route une demoiselle arrêtée à un stop. Charitable, il l'a pris en charge. En remercîment, elle l'envoya au septième ciel. L'endroit étant plus plaisant que le presbytère lugubre, un vrai sinistre, il l'épousa, reconnaissant. Ils n'eurent pas d'enfants, ne furent pas heureux, divorcèrent très vite. Au dernières nouvelles, il envisagerait de rempiler dans la légion étrangère, saisi par le mal des voyages.
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