Je suis prêt à passer le reste de mon âge à Pattaya (Thaïlande) si je trouve à l'épicerie du coin des citrons bio, du camembert au lait cru, du Prosecco, du pain frais, du Vouvray moelleux de chez Foreau, du Chinon de Charles Joguet, des andouillettes de chez Hardouin, du chocolat made by Ménard, des millefeuilles de la pâtisserie face au château, un climat tempéré avec un hiver pas trop froid, un été pas trop chaud, une humidité moyenne, une faune discrète sans beaucoup de moustiques, de serpents venimeux, de mouches toxiques, de requins et d'araignées mangeuses d'hommes, un hôpital et une pharmacie de proximité aux prestations gratuites, des pompiers et des gendarmes en alerte permanente, une force atomique dissuasive en état de marche, un gouvernement de personnalités choisies dans l'élite de la Nation et de saint Germain des Près, toutes sorties des grandes écoles de la République une et indivisible, dévouées au service public et prêtes à sacrifier leur week-ends au bénéfice de leur sacerdoce.
Si ces conditions sont réunies, j'abandonnerai volontiers ma vie de bagnard, d'exploité par le fisc, de reclus derrière mes clôtures de barbelés, de prisonnier des lois, des règlements, du code de la route, du conseil municipal, de mes habitudes ancestrales, de mon éducation bourgeoise pour aller me ressourcer dans la nature sauvage d'une royauté millénaire soumise à la dictature d'une junte militaire qui laisse sa liberté à une jeunesse avide de liberté se prostituer pour satisfaire les envies libidineuses de vieux cochons et de jeunes satyres venus du monde entier assouvir dans de la chair fraiche leurs désirs lubriques, guérir leur impuissance, trouver l'âme sœur et finir de vivre dans la solitude, la dépression, l'ennui, l'air conditionné et le regret d'être parti.
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