Quand, allongé dans votre lit, vous décidez de passer d'un décubitus latéral droit à un décubitus latéral gauche, je dois vous avertir pour que vous preniez conscience des évènement que vous allez déclencher dans la plus totale inconscience et des bouleversements qui vont s'opérer, à votre insu, dans votre intérieur.
Ce changement de position rompt radicalement l'équilibre fragile qui avait fini par se rétablir depuis votre coucher. Tous vos organes alors sont brutalement projetés de haut en bas. Le foie vient comprimer la rate et le pancréas, par son flanc gauche, écrasant sa vésicule. Le cœur suspendu à l'aorte, bien à l'abri dans son péricarde se voit balancé sans ménagement. Bien qu'habitué au tic-tac, il ne s'attendait pas à ce mouvement de balançoire, vous comprenez son effroi, peu étonnant que quelques extrasystoles en résultent mettant de la pagaille dans la circulation. Personne n'est épargnée et la bouillie qui fermente dans le tube digestif est secouée comme dans un shaker, les gargouillis et les ballonnements auront du mal à calmer l'usine à gaz. Les reins, la vessie n'aiment pas plus que le reste ce balancement et le système d'épuration et d'élimination des eaux usées va s'en trouver perturbé. La brutalité du retournement affecte surtout l'oreille interne. Le maintien de notre équilibre n'est pas dévolu à notre entendement, à notre moral, à notre intelligence mais banalement à un petit instrument situé dans notre oreille interne: le labyrinthe. Ce n'est qu'un gyroscope qui nous tient debout en s'appuyant sur les trois dimensions de l'espace. Le mouvement intempestif que vous venez de faire le désoriente complètement. Son centre de gravité est bousculé et il a un vertige qu'il vous transmet aussitôt. Votre déséquilibre natif va se trouver renforcé.
Ce rapide et succinct rappel des effets délétères d'un retournement vous aura averti de la nécessité de garder votre bon sens et de réfléchir avant de changer de latéralité.
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