L'aréflexie du corps mort est une bénédiction pour le bateau qui lui est attaché et à la certitude de ne pas partir au fil du courant jusqu'à son naufrage.
L'aréflexie d'un corps vivant est, par contre, préjudiciable à l'individu qui l'habite.
Privé de réaction (le terme d'aréflexie sera abandonné car réservé, par la coutume, au vocabulaire de la neurologie), le corps en question est délivré de tout ressenti, émotions ou sentiments personnels et livré par conséquent aux influences extérieures dont il a, à moins d'être président de la République et chef des armées, aucun moyen de contrôle.
Même en dehors de toute épidémie d'aréactivité galopante d'origine virale, force est de constater que la maladie est devenue endémique et frappe une large partie de la population qui est devenue incapable d'émettre une réflexion intelligente, d'avoir une conversation compréhensible, une discussion sérieuse, d'émettre une critique raisonnée et surtout de faire preuve d'une sagesse élémentaire.
Accaparé par des tâches répétitives, intéressé seulement par des informations bidon, occupé à perdre son temps à ne pas savoir quoi en faire, le citoyen de base est devenu le modèle à ne pas suivre : un corps vivant avec un esprit malsain.
Il faudra attendre qu'il soit mort pour prendre un peu de valeur et devenir utile à la communauté des bateaux en rade.
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