Dans le temps, pour être
médecin il fallait avoir un esprit critique, curieux, ouvert, pénétrant,
interrogatif et ne pas avoir peur de se salir les mains, de voir des
horreurs, d'entendre des horreurs, de sentir des odeurs.
Aujourd'hui, pour être médecin, il faut être tout ça et, en plus, une bête à concours, avoir des connaissances en chimie, physique, physiologie,
anatomie, biologie, mathématiques, bio-statistiques, pharmacologie, par
exemple être capable :
- de transformer des données verbales en schéma et en équation;
- de faire une configuration électronique de la coque valentielle;
- de situer l'émergence d'une théorie dans son contexte historique;
- de modéliser l'évolution d'un écosystème;
- de connaître les conditions d'équilibre d'un objet soumis à plusieurs forces coplanaires;
- de donner la définition de l'intégrale d'une fonction.
Les idéologues scientistes qui décident de ceux qui ont le droit d'être médecins ont cependant la sagesse de demander au postulant d'acquérir les bases de l'empathie de façon à savoir aborder son malade avec un sentiment de souffrance partagée, d'émotions maîtrisées et d'une envie de le sauver de son agonie prochaine. Cette intense préparation est certainement nécessaire pour de futurs prix Nobel de médecine, mais on peut s'interroger pour savoir si elle prépare à l'apprentissage du diagnostic et au traitement de la scarlatine, de la diarrhée et du rhume des foins?
Heureusement pour le patient du médecin
d'aujourd'hui préparé par des études transcendantales, le médecin nouveau est
en train d'être fabriqué. Demain, la médecine sera pilotée par une intelligence
artificielle connaissant tout de la médecine depuis Hippocrate jusqu'à celle du futur immédiat. Elle saura faire le
bon choix qui permettra à un robot plus précis, prudent, sensible, discret que
l'homidé en blouse plus ou moins blanche d'interroger, d'examiner, de porter un
diagnostic précis, fiable, indubitable, en 5 secondes chrono, d'établir une
ordonnance sans redondance, non iatrogène, de prévoir un arrêt-maladie à la seconde. Le patient sera renvoyé avec le pronostic à 8-30 jours et 1 an.
Qui dira de la médecine d'hier, d'aujourd'hui et de demain, laquelle est la meilleure? Pas moi.
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