Hier, on les différenciait par la littérature. L'un était familier des grands et des petits auteurs (s'il était éclectique), l'autre ne savait ni lire, ni écrire, il signait d'une croix (il était croyant).
Aujourd'hui, avec l'instruction obligatoire et l'éducation nationale (prix Nobel de littérature en 2024), la différence est une affaire épidermique. Avec l'engouement du tatouage et pour ceux qui ont un commerce charnel avec la littérature, il est possible de porter sur soi sa bibliothèque idéale, de ne plus quitter les écrivains qu''on lit et relit. Il suffit de les tatouer sur la peau et d'ouvrir sa paume pour lire les pensées de Montaigne à droite, celles de Pascal à gauche, de se regarder le nombril pour savourer les Fleurs du mal, de se pencher vers son genou pour de régaler d'une fable de La Fontaine. Si vous aimez Guerre et Paix, le comte de Monte-Cristo, choisissez votre dos, si vous l'avez large et à l'envers car vous devrez vous regarder dans une glace. Pour le poitrail, mettez les chapitres de bas en haut. Je recommande pour les membres, des nouvelles; vives, déliées. Le soir, au lit, pour s'endormir, je peux conseiller une ligne lénifiante ou dormitive de d'Ormesson ou un verset de philosophie kantique.
Les autres, ceux qui n'aiment pas l'encre, dont la bibliothèque est virtuelle, qui n'ont pas de caractère, laissons-les à leur tablettes, qu'ils gardent leur peau vierge, ce sont des rustres, nous, on admire que les illustrés.
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