Durant les 20 premières années, on apprend à se connaître et à comprendre où on est.
Les 20 suivantes, on apprend à se supporter si on a quelques talents. Les plus narcissiques finissent par s'aimer et ne voudraient pas, comme d'autres qui n'ont pas cette chance, passer leur temps à changer: de métier, de pays, de partenaire, de sexe, d'opinion, d'habitudes.
Les 20 suivantes (40 à 60) sont le temps des bilans et de la comptabilité. C'est votre affaire, on vous espère en bonne santé.
Les dernières 40 années passent vite, grâce à l'accélération du temps.C'est la retraite aux flambeaux ou la Bérézina. Sur le tartare, même pour les plus chanceux, la déroute est assurée: faute de munitions sonnantes et trébuchantes, de bonne santé et grâce à la malchance, à la solitude, à l'arthrose, à la médecine qui n'y peut rien ou que des soins palliatifs.
Le dernier soupir, à la dernière seconde du dernier jour, n'a pas la tonitruance du premier cri du nouveau-né, mais, si on écoutait bien, on entendrait un soupir de satisfaction à l'idée de quitter cette chienne de vie, cette vallée de larmes, cet enfer sur terre pour enfin trouver le calme, le silence, la tranquillité, l'apaisement et pouvoir, bordel de merde, dormir en paix sans être dérangé par le téléphone.
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