Pour être au numéro 2-3-4-5-6 etc., dans l'ordre hiérarchique décroissant,
il faut être cela, mais à un degré inférieur. On passe de la puissance 10 (apanage des numéros 1) à la
puissance 1, réservée au
soldat de première classe, au manœuvre léger, au figurant du dernier rang, à
la femme de chambre intérimaire etc., etc., la neuf au vice (président, recteur, directeur), les corps intermédiaires se partageant l'intervalle.
Cependant, tous, à l'exception du premier et du dernier, communient dans les mêmes sentiments: la jalousie mêlée d'envie et l'hypocrisie - mais à
des degrés qui ne sont pas forcément en rapport avec le montant du salaire -. C'est
ainsi que le vice (président, recteur, directeur) éprouve une vive jalousie, mêlée
d'envie envers le président, le recteur,
le directeur et aura, pour ses subalternes, un mépris plus ou moins
clairement affiché. Le tout est heureusement caché par une hypocrisie qui maintient une paix civile aux frontières de la lutte des classes. Le dominant le plus éminent aura un mépris pour tous (des veaux) et le plus dominé que de la jalousie et, encore, c'est pas sûr.
Ce schéma est caricatural, souffre d'exagération et est
démenti régulièrement une ou deux fois par millénaire. Il serait arrivé,
raconte-t-on dans les chaumières que ce ne soit pas le vice qui ait triomphé
dans la conquête du pouvoir mais la vertu et qu'un miracle soit arrivé. Le
meilleur, c'est-à-dire le plus intelligent, le plus honnête, le plus sage, le
moins orgueilleux, le moins prétentieux gagne, le bon triomphe de la brute et
du truand. Je veux bien le croire, il lui a fallu aussi beaucoup de chance et
que surtout ses adversaires soient si mauvais que même un sourd et aveugle s'en
aperçoive. Un exemple récent confirme cette hypothèse.
Cela n'enlève rien au
mérite du gagnant, à la valeur de la promotion du sous- directeur au poste de directeur,
du sergent-chef au grade d'adjudant et à l'élévation du cardinal au trône de
saint Pierre, mais on doit admettre qu'à vaincre avec moins de péril, on
triomphe avec moins de gloire.
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