Deux mondes s'opposent, se combattent, collaborent, le monde matériel et le monde immatériel. L'immatériel pèse lourd. Il englobe le monde politique, le monde religieux et le monde du spectacle. Ils ont l'originalité d'avoir la même ambition, la même spiritualité, les mêmes problèmes, de donner les mêmes solutions et de faire se poser les mêmes questions. On les traitera donc ensemble pour ne pas se répéter, ne pas s'éterniser et pauser à autre chose car, en fait, qui peut s'intéresser à ces mondes-là, pas vous, pas moi. On sera bref. Leur matière de base est l'imagination, leur modèle est virtuel et leur objectif est de faire rêver. Tous ont l'ambition de nous faire oublier la réalité si triste, si factuelle, si monotone, sans perspective autre que l'ennui, la fatigue entre des intervalles de douleur, de maladie et un final mortel. Le succès était inévitable et les théâtres et cinémas jouent à guichets fermés, les mosquées, les synagogues, les cathédrales sont remplies, les partis politiques font recette. Ils répondent tous à un besoin: se divertir agréablement, prier pour essayer d'aller dans un monde futuriste meilleur et ici-bas croire que demain on rasera gratis. Voici en résumé les tenants et les aboutissant de ces trois mondes. On remarquera que chacun emprunte à l'autre ses trucs, ses subterfuges, fait usage des mêmes mensonges, emprunte les mêmes déguisements et délivrent le même message: croyez vos yeux et évitez de réfléchir.
Le monde matériel s'appuie sur le concret, le visible, le solide, répond aux besoin primaires: manger, boire, se protéger du chaud, du froid, de la pluie, du vent, de la neige etc. Ce monde-là travaille et fabrique des usines qui fabriquent des machines qui fabriquent des outils dont des mains vont se servir pour semer, cultiver, construire, pétrir, cuire etc... Vous avez compris l'utilité de ce monde-là, la difficulté de s'en passer et ses différences avec les mondes du paragraphe précédant: nous n'épiloguerons pas sur ses sous-groupes et la multitude d'interférences qui unit les uns aux autres. Vous les connaissez mieux que moi.
L'extraordinaire, l'étrange, le surnaturel est que le rationnel, le naturel, le réel aurait dû l'emporter, dominer, triompher, régner et que le contraire soit advenu. Ce sont les magiciens du verbe qui jouent la comédie, racontent des histoires, prennent leurs cauchemars pour la réalité qui ont pris le pouvoir, décident, gouvernent, dictent leurs lois, imposent leurs commandements, font miroiter des mirages, croire aux miracles.
Au total, un monde de dingues conduit un monde de débiles.
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