Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


samedi 3 mars 2018

LE PLAIDOYER

Mesdames, messieurs, nous connaissons, vous connaissez, ils connaissent, le monde entier connaît tous les détails de la triste affaire qui nous empêche d'être ailleurs, aussi je n'y reviendrai pas. Mon malheureux client avoue sa culpabilité, il reconnaît son crime, il reconnaît être le centre de l'histoire, son axe, son moyeu mais il reconnaît aussi et je vous demande, mesdames et messieurs du jury d'être aussi lucides que lui  et de reconnaître qu'il n'a été, en réalité, que la victime pour son malheur, d'un enchaînement tragique, d'une roue infernale, d'un cercle vicieux qui ont fait d'un homme paisible, d'un mari modèle, du fils innocent de sa mère, le bras armé d'une injuste colère à laquelle il n'avait rien demandé.

En rompant sans élégance, sans préavis, avec une méchanceté malveillante les liens d'un ménage exemplaire, l'épouse infidèle, avant d'en mourir lui avait infligé une terrible épreuve qui l'avait éprouvé au plus profond de lui-même, dans son âme, le bien le plus précieux, le seul qui nous reste quand tout est dépeuplé comme l'a dit le poète. Elle, la responsable, là où elle est ne souffre plus, mais lui le coupable, regardez sa terrible souffrance, n'est-il pas pitoyable? J'ose même dire qu'il a été plus miséricordieux pour elle qu'elle ne l'a été pour lui.

Mesdames, messieurs du jury, en remplaçant l'amour qu'il avait pour elle par la haine de cet amour, sa femme se condamnait, en le forçant à exercer le seul recours qu'elle lui laissait. Mon client, devenu triste pour toujours depuis son lâche abandon n'a trouvé pour remplacer son amour dévorant que l'amour de la haine, un substitut pour lui, qui ne peut vivre sans amour. Voyez vous,  et c'est son drame, mon client est un sentimental, il ne peut vivre sans amour.

Devenu le bras armé de cet amour fusionnel, compulsif, il est passé à l'acte, pour assouvir sa passion, obéir à sa haine qui lui déchirait le cœur.

Mon client est une victime de l'amour, c'est sa seule excuse, elle atténue son forfait au point de le rendre innocent.

Mesdames et messieurs du jury, vous n'allez pas condamner l'amour, ni la haine qui n'ait que son noir pendant. Vous allez lui rendre une liberté comme celle que nous avons car nous, vous n'avons pas eu la malchance de connaître le sort que lui avait réservé sa victime mal aimée . Ainsi  soit-il.
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