Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 15 décembre 2022

AU THÉÂTRE CE SOIR

Je viens de vivre la plus étrange expérience de ma carrière de critique  en allant hier soir à la générale de la dernière œuvre de notre grand dramaturge, Gérald d'Anjou, salle Richelieu. Elle nous gratifia à elle seule de toutes les sortilèges des genres théâtraux. La pièce réunissait dans son premier acte les ingrédients d'une tragédie shakespearienne que n'aurait pas désavoués le grand Will avec  des vers nous rappelant le Roi Lear dans la scène 2 et des accents de Roméo et Juliette au début de la 4. Et puis arrive le second acte, tout auréolé des sentiments puissants du premier et nous assistons alors, éberlués, au déroulement d'un drame classique, racinien. L'intrigue se ramasse, l'émotion est palpable mais retenue. La confrontation ne pourra déboucher que sur une issue détestable, à la Bérénice. Nouveau coup de théâtre au troisième acte. La pièce renie son héritage classique, le rythme s'accélère, on marivaude, on badine. On ne reconnait plus nos héros. Ils sont devenus fringants. On se croit chez Oscar Wilde  dans "L'importance d'être Constant" et, la minute qui suit, on est en plein Feydeau dans "Mais n'te promène donc pas toute nue!". Il faut attendre le quatrième acte pour aller au bout de notre surprise puisque nous tombons en pleine Commedia dell' Arte avec une farce à la Goldoni. Le jeune monsieur que l'on vient de quitter, très distingué, langage châtié, un peu maniéré est devenu un joyeux drille déluré, mal fagoté, un parfait harlequin et sa chérie bcbg une coquine Colombine. On est passé en 4 actes et 2 heures des larmes aux pleurs de rire dans un charivari d'émotions que certains ont eu du mal digérer. Les habitués du Français ne sont pas habitués au tout en un.  

2 commentaires:

  1. Bonjour, vous lire est une joie, je me régale. Vous ne cessez de vous bonifier!

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  2. Bravissimo. Grâce à vous, ils vont jouer à guichets fermés

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