Le sermon sur la montagne, ce beau poème antique, a été très
intelligemment détourné par une multinationale pour asseoir son pouvoir sur la
conscience des malheureux en leur promettant, comme récompense de leur pauvreté, d'avoir faim de pitié, de justice, de paix, le bonheur dès qu'ils
seront morts. Cela permettait aux riches, à ceux qui rendaient l'injustice, qui
vivaient dans leurs palais épiscopaux, leurs archevêchés, qui faisaient et
défaisaient les rois, de vivre grassement dans la soie et l'or, de prêcher
l'humilité, la pauvreté, la chasteté, la pureté, l'obéissance, la résignation,
le pardon. Aujourd'hui le réalisme prévaut, les bienheureux sont ceux qui,
suivant l'exemple des théocrates, profitent, sans attendre un futur hypothétique,
des bienfaits du moment. On peut dire:
- -bienheureux les imbéciles, ils ne connaissent pas leur malheur.
- -bienheureux les fous, ils ne savent pas ce qu'ils font.
- -bienheureux les riches, le monde leur appartient.
- -bienheureux les vieux, ils n'ont plus de temps à perdre.
- -bienheureux les gourmands, ils aiment se faire plaisir.
- -bienheureux les repus, ils digèrent en paix.
- -bienheureux les salauds, ils font ce qu'ils sont.
- -bienheureux les meilleurs, ils ont échappé au pire.
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