Les métiers du sang exigent plus de qualités que de vertus.
Il faut:
-des dons de comédien avec l'art consommé de la dissimulation.
Le plaisir provoqué par le coup de rasoir, de scalpel, de couteau soi-disant
intempestif doit être dissimulé sous un air
de contrition, de confusion ne prêtant à aucune équivoque. Une sympathie
angoissée doit ruisseler sur votre face et contraindre votre victime, si elle
est en état, à vous réconforter. Quelques heures de travail à l'école des mîmes
Marceau vous seront utiles. Il y va de votre réputation, de votre emploi, pas
d'improvisation, svp.
Une force et une adresse qui vous permettent de ne pas râter
votre mauvais coup. La repentance, dans son acception archéologique est
interdite. Un entraînement en salle d'armes peut être nécessaire.
Ne pas être allergique à la vue du sang. Pas de pâmoison,
cela fait désordre et peut s'avérer dangereux derrière les lignes ennemies. Un
traitement anti-histaminique est parfois
suffisant.
Ne pas hésiter, tergiverser. Velléitaire, abstenez-vous des
métiers du sang. Le coup se doit d'être vif, décisif; Le couleur de sang est un
décideur.
Je terminerai ce souriant tour d'horizon des à-côtés ignorés
de quelques métiers parfois décriés par un aparté en m'adressant à une catégorie
d'amateurs injustement délaissés. Travailleurs indépendants, ils ne sont pas en
contact avec le public et ne peuvent se faire plaisir par les voies
classiques. Qu'ils ne désespèrent pas et retrouvent leurs habitudes post-pubertaires
et ses joies solitaires; Le grattage jusqu'au sang leur procurera cette intense
sensation tant désirée. La démangeaison est facile à obtenir. Des ongles
propres, mais si possibles ébréchés seront l'instrument de l'extase à venir. Il
suffit d'emprunter une puce à son chien, d'aller chercher des moustiques en
zone paludéenne ou plus simplement, à la campagne, en saison, de se frotter
avec quelques orties bien fraîches. Après un nettoyage à la Bétadine, il ne
reste qu'à se gratter avec une frénésie contrôlée jusqu'au premier sang. Je
rappelle aux sceptiques que le grattage en zone de prurit libère dans le
cerveau une dose d'endorphines très suffisante.
J'espère que ce mémorandum aidera les jeunes dans le choix
d'une carrière épanouissante et ceux en instance de reconversion à penser
joindre l'utile à l'agréable.
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