Avant votre intervention de ce soir, je me permets de vous
présenter, en avant-projet, un brouillon de ce qui pourrait être le message que
vous allez adresser au pays.
Ce n’est qu’une suggestion mais il pourrait provoquer le
choc salutaire que tout le monde attend et vous faire entrer dans la Grande Histoire, le challenge étant pour vous, comme pour vos
prédécesseurs, de ne pas en sortir par la petite porte.
Un électeur respectueux et qui voudrait rester fidèle.
CITOYEN, CITOYENNE :
La révolution qui a fait, à
la fin du 19ème siècle, de la France agricole une France
industrielle s’achève sous nos yeux en ce début du 21ème.
Aveuglés devant le
changement, sourds devant les avertissements, nous parlions pour ne rien dire,
ressassant de vieux discours, recyclant d’anciennes promesses. Ils ne veulent
plus rien dire, elles ne peuvent plus être tenues.
Dans nos palais, sur les
estrades, dans les studios d’où l’on vous parle, d’où l’on nous voit, on était
trop loin, trop haut pour s’apercevoir que :
-
dans les campagnes, les
tracteurs travaillent sans conducteurs, les vaches se traitent toutes
seules ;
-
dans les usines, les robots
travaillent plus vite, mieux, sans arrêt ;
-
les lettres ne passent plus
par la boîte mais vont directement de l’un à l’autre ;
-
de plus en plus, l’homme est
déjà et sera de plus en plus remplacé par une machine dans la machine.
Personne n’y peut rien,
c’est une fatalité, une réalité, une vérité, une chance, un miracle : demain est en train d’arriver.
C’est dans ce monde qu’il
faut que nous vivions. L’ancien disparaît. Il glisse dans le passé et nous ne
nous en apercevons pas, insensibles, imbéciles.
J’ai changé de conseillers
comme j’ai changé moi-même.
J’ai rangé les vieilles
lunes et c’est le soleil qui doit nous éclairer pour montrer le chemin,
construire l’avenir, nous remettre dans la course, en tête, comme toujours,
comme en 89. Finies les réformettes, nous allons faire la révolution dont nous
avons besoin.
La mission est
possible.
L’ouvrier, hier, était
derrière la machine. Elle n’a plus besoin de lui. Il faut que, demain, l’homme,
la femme, soit devant elle. Elle ne l’écrasera plus, ne l’usera plus, elle ne
rendra personne malade de bruit, de fatigue. L’homme ne sera plus un robot
corvéable, jetable mais le maître de lui-même.
C’est ce
monde-là qui nous attend. On n’y peut rien. Il viendra. Il est déjà là. Si on
n’en veut pas, il nous tuera. Montrons-lui qu’il ne nous fait pas peur, que l’on
est assez forts, assez grands, assez fous, assez intelligents pour y être à
l’aise, inventer les métiers qu’il nous faut, le conduire où il doit aller,
vers davantage de Liberté, d’Égalité, de Fraternité.