De l’avis général, la fête au village a été, cette année,
une réussite. Le défilé a commencé à 11 heures précises par l’orphéon municipal
qui a réglé le pas cadencé de la reine des majorettes. Il était suivi par la
brigade des sapeurs-pompiers. Les soldats du feu, toujours martiaux ont, pour
une fois, su retenir leurs lances et ne pas arroser la foule. L’équipe de
pétanque, renforcée par celle de la boule de fort, a impressionné par sa
démonstration de force tranquille. Une délégation de vieilles filles de l’Association
des Tricoteuses de Pincemaille apporta la note de mélancolie qui convenait.
Enfin, très attendu, fermant la marche, un bataillon de vierges folles conclua
par une note de gaieté cette procession jusqu’alors un peu compassée et montra
que la jeunesse savait encore s’amuser. Sur leur passage, la foule en rut et en
délire dépassa toutes les bornes. Elle reprenait en chœur les chansons de
carabins que le dernier médecin du village avait fait apprendre, en secret, à
ses clients pour faire une mauvaise surprise au bedeau du village voisin, qui
était venu, le même jour, exorciser la dernière sorcière du canton.
La réunion se termina, comme le veut la tradition, par une
mêlée générale qui s’accompagna du charivari habituel et d’un tohu-bohu rituel.
C’est ainsi que, depuis Charlemagne, les Rilleurs et les Rilleuses font la fête
au village.
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