Hier,
alors que je me promenais dans le parc où je ne rencontre jamais personne et
alors que j’essayais de mettre de l’ordre dans mon tumulte intérieur, j’ai été
distrait dans mon travail de remise en cause par une apostrophe qui éclata tout
près de moi. D’un ton qui rappelait Rodrigue interpelant le père de Chimène, un
quidam courroucé s’esclaffait :
« Moi, monsieur,
je ne suis pas n’importe qui. Je suis le fils de mon père et c’était quelqu’un.
Il n’avait pas froid aux yeux. Il ne doutait de rien, ne s’en laissait pas
compter et ne coupait pas les cheveux en quatre. Il était d’une seule pièce.
Certes, ce n’était pas un enfant de chœur mais il l’avait sur la main. Toujours
bien mis, le regard droit, la poignée de main vigoureuse, la mine sévère, le
pas assuré, il allait droit au but mais n’était pas fier et parlait peu. Oui,
en vieillissant on dit que je lui ressemble ».
Je
ne connais pas l’issue de la querelle mais ils s’éloignèrent sans se battre. La
harangue à la gloire du père avait une arrière-pensée et enlevait au fils au
moins une des qualités de l’ancêtre, lui qui n’était pas bavard.
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