Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


mardi 7 janvier 2014

CONFÉRENCE DE FIN D’ANNÉE


Dans le cadre de son Université d'Hiver, l'Association des Extrêmes a le plaisir de vous transmettre la séance de clôture.

Le président a présenté l'orateur:

"On ne présente plus Dancharr. Quoique inconnu du grand public, connu d'une poignée d'internautes héroïques, il a révolutionné trop de domaines de connaissance pour que je puisse en faire la liste. Vous ne serez donc pas surpris de ce que vous allez entendre aujourd'hui. Comme moi, vous êtes impatients de connaître sa nouvelle découverte. À sa mine réjouie, son œil gourmand - qui n'empêche pas un air débonnaire - je pressens le pire. À vous cher maître". 

"Merci, cher élève.

Bébés, bébêttes, gâteux, gâteuses, bonsoir ami-is, ami-es. Merci d’être venus de si loin si nombreux malgré l’absence de chaises dans ce lieu insalubre. Je vous espère bien calés dans vos berceaux, bien harnachés dans vos fauteuils roulants. Je demanderai aux accompagnateurs de brancher leurs sonophones au maximum car les ricanements stupides des uns, les hurlements frénétiques des autres risquent de leur faire perdre l’essentiel du propos. Ce serait dommage, j’aimerais que, le calme revenu, vous puissiez leur répéter ce qui va suivre. Il devrait les intéresser car je m’adresse à eux.

Vous vous rappelez mon message au monde du 26 août 2008. J’y déclarais que le sol de la terre avait commencé à se retirer du dessous de nos souliers pour s’enfoncer dans sa profondeur. Le rythme de ce retirement en lui-même était lent mais perceptible dès lors que l’on voulait bien regarder où l’on mettait les pieds. Un observateur indépendant avait apporté un démenti formel à la dénégation unanime qui avait salué cette découverte retentissante et conduit à la déconfiture le professeur Joyeux de si triste mémoire.

Cela appartient désormais à l’Histoire. Elle continue, indépendamment du reste, poursuivant inexorablement son avancée dans la nuit des temps.

Obstiné, opiniâtre même, si le mot n’était pas si laid malgré ses deux i, je poursuivais ma recherche, bien décidé à ne pas rester où j’étais arrivé, en digne héritier de la lignée de ceux qui gisent place du Panthéon.

Pas plus tard qu’hier soir, alors que je me demandais ce que je pourrais bien vous dire, mes calculs aboutirent. L’équation à inconnues multiples et à la virgule flottante que j’avais mise au point avec l’aide technique d’un employé au noir de l’IPIOP accoucha enfin de la révélation ultime qui allait révolutionner le futur immédiat des uns, lointain des autres.

Non seulement la terre s’enfonçait mais elle tournait plus vite. Ce que ma fine connaissance des lois de la gravitation, ma compréhension absolue de celle de la relativité m’avaient fait pressentir était avéré : soumise à la même attraction du soleil mais son volume et son poids réduits sous la pression dévorante de son trou noir intérieur, la terre, notre Terre, la vôtre par conséquent, est en train d’accélérer la vitesse de sa rotation. Le mal - ou le bien, l’avenir le dira - serait négligeable si cela se limitait à son tour sur elle-même mais sa circumnavigation autour du soleil prend aussi de l’avance.

Je sens que le temps presse, l’heure de changer les langes et les couches approche. J’ai bientôt fini – ouvrez les portes pour aérer, s’il vous plaît, car non seulement je peine à m’entendre mais respirer devient difficile.

Donc, non seulement la terre tourne de plus en plus rond mais elle s’effondre de plus en plus vite. Avec les fonds des fonds pourris qui s’évanouissent, de plus en plus de gens constatent qu’avec leur argent envolé, le sol se dérobe à son tour, leur équilibre moral, financier, économique et politique est de plus en plus branlant.

J’avais lancé un cri d’alarme, j’entends des cris de détresse qui montent de partout. Que faire ? Que dire ?

- Ne plus demander l'heure à l'horloge atomique de Greenwich village, mais n'interroger que votre horloge intérieure.

Voyez le bon côté des choses :

- Les jours, l’année vont raccourcir ;Le temps va couler plus vite ;

- L’enfance va durer un instant ; Il y aura moins de temps perdu en classe à s’ennuyer. L’adolescence sera finie avant de commencer. Une crise en moins !

- Entre le début de la vie active et la retraite, il faudra seulement se presser, perdre un peu moins de temps en RTT, en week-ends prolongés et en repos compensateur.

- Enfin, gâteux, gâteuses, votre temps mort sera raccourci et vous profiterez plus vite du repos éternel, vous l’avez bien mérité.

- Conséquence imprévue mais prévisible, les centenaires en 2100 ne se compteront plus en millions mais en milliards.

Voilà, j’ai dit l’essentiel. Rentrez vite dans vos mouroirs, vieux décatis, dans vos nichoirs, jeunes poussins.

Soyez contents, l’année durera moins longtemps ».  



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