Si vous êtes incapable de voir ce que vous regardez,
d’exprimer une pensée cohérente, de raconter une histoire drôle, d’avoir une
réflexion intéressante, de faire un commentaire pertinent, de répondre à la
question, d’écrire une phrase, de lire une ligne, ne culpabilisez plus, ce
n’est pas de la mauvaise volonté, un manque d’attention, un défaut
d’intelligence ni même une bêtise congénitale et encore moins une banale
constipation des sentiments au stade terminal. Vous êtes innocent, c’est plus
fort que vous : vous êtes simplement victime de ce qui fait la joie du
neurologue quand il lui arrive d’en faire le diagnostic.
Vous associez à une agnosie, une agraphie, une alexie. Le
tout peut se combiner en une aphasie de Wernicke quand, extrémiste, vous ne
faites pas les choses à moitié.
Si vous ne comprenez pas le grec de cuisine et préférez un
bon français, on peut résumer votre situation en écrivant que vous avez un
trouble de la reconnaissance des objets jusqu’alors parfaitement identifiés.
Cette cécité psychique se combine à une perte de l’écriture et, malheureusement
pour les libraires, à une incompréhension du langage écrit.
Pour vous rassurer, soyez sûr que vous n’avez pas une
véritable surdité verbale ni une aphémie de Déjerine. C’eût été embarrassant pour
vous et votre entourage.
Votre problème ne se situe, ni au niveau du pancréas ni de
la vésicule biliaire et encore moins à celui de l’auricule de votre oreillette
gauche (celle qui est située au-dessus du ventricule).Il signe simplement une petite lésion de votre hémisphère gauche et qui intéresse le
gyrus supramarginalis, le pli courbe
et la partie adjacente des 1ère et 3ème circonvolutions temporales.
C’est bien dommage et cela peut susciter des réflexions
désobligeantes qui, heureusement, vous ne comprenez pas.
Tout est donc pour vous, malgré tout, au mieux dans le meilleur des
mondes.
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