Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 30 janvier 2014

LA RETRAITE, QUELLE GALÈRE !


Occuper sa retraite, quelle galère ! Je n’en peux plus, me disait l’autre jour l’ancien garde-champêtre, vivement la quille. Les malheureux, hélas, de plus en plus nombreux, font pour le mieux. Il y a plusieurs écoles, très concurrentielles, chacune avec des orientations différentes et leurs inconvénients. Citons :

-      celle qui prône le retour à la terre et préconise de cultiver son jardin. Mais, planter des arbres, des choux, c’est fatigant pour les lombaires. Il faut ensuite récolter et, dans l’entre-deux, biner, sarcler, traiter, re-bêcher et arroser. Le galérien en bavait moins.

-      une autre privilégie le ludique, l’hédonisme, le farniente et apprend à jouer à la belotte, à la manille, aux petits chevaux, au poker-menteur, à se promener, à bavarder, bref, à passer le temps jusqu’à l’épuiser. Que de l’ennui !

-      la plus tendance, pour ceux qui ont encore une bonne vue, une ouïe fine, de l’argent, de la curiosité, de bonnes jambes leur conseille d’aller au cinéma, au théâtre, aux musées, d’écouter de la musique, de lire, d’écrire, de voyager. En faisant tout ça et encore plus, ils se rempliront de sons, d’images, d’idées qui combleront leur vide intérieur. C’est une bonne solution pour ceux qui supportent les émotions fabriquées, les vies d’emprunt, les bruits étrangers.

-      et puis il y a ceux qui ont enfin le temps de réfléchir aux questions qu’ils n’avaient pas pris le temps de se poser 50 ans plus tôt, quand c’était important, nécessaire, mais ils étaient trop occupés à s’installer, à forniquer, à engendrer, à se pousser. Aujourd’hui c’est possible. Il n’y a plus à postuler, à intriguer, à jalouser, à lécher, à trahir, à investir, à s’enrichir, à s’élever. On découvre qu’on va partir, mais on ne sait pas où. Ça intrigue, inquiète. Est-ce que notre grande intelligence, notre esprit brillant, notre raison pure s’évaporent avec le reste ou retombent en poussière dans le terreau du cimetière ?

S’il est masochiste et veut en savoir toujours plus, il va jusqu’à se demander si sa belle âme a sa place dans le cerveau ou si elle habite à côté…

Plus le temps passe, plus l’urgence de la fin se fait pressante. Les réponses aux questions sans réponse révèlent leur véritable nature et ces philosophes tardifs, furieux de s’être laissés prendre à un questionnement imbécile, se réveillent, la nature faisant bien les choses, la sagesse fait son apparition. Ils lisent Lucrèce, Épicure, les stoïciens, les cyniques et, habituellement, trouvent la sérénité avant l’ictus terminal.

Vous choisirez, dans ce panel d’offres, celle qui convient à votre riche personnalité et saura vous faire passer vos derniers moments le plus agréablement possible.


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