Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


vendredi 24 janvier 2014

RÉPONSE CIRCONSTANCIÉE À QUI DE DROIT


La règle de trois est la preuve arithmétique de l’intelligence supérieure de l’homme et sa qualification pour une vie éternelle en milieu protégé. Mais beaucoup d’exemples de la vie animale font douter de son exclusivité dans le domaine des fonctions intellectuelles, artistiques, sociologiques. Les exemples sont nombreux : l’araneus diadematus tisse une toile orbiculaire à l’architecture d’une beauté absolue : la technique d’élevage de l’hippocampe moucheté fait des papas poules des pères dénaturés et ne parlons pas de la division du travail dans la fourmilière ou la ruche. Le système de navigation des oies cendrées, des hirondelles de cheminée et des pigeons voyageurs a une précision et une miniaturisation qui surpassent le plus performant des GPS ou la centrale de navigation de la plus récente des fusées balistiques. Le savoir-faire des uns, la complexité de la vie sociale des autres prouvent à l’envie que nous ne sommes pas les seuls à être une merveille naturelle.

Beaucoup ne reconnaîtront jamais le droit à une égalité de valeurs et de traitement pour toutes ces bestioles qu’ils éradiquant, écrasent, assassinent, massacrent avec une insouciance qu’ils doivent à l’impunité. Une exception accepte une parenté, une fraternité et les respecte. Un animalophile de mes amis se demande même si l’escargot de Bourgogne – commensal  fidèle de son carré de laitues et de batavias n’a pas, grâce  sa lente sagesse, sa méditation silencieuse et sa patiente obstination, dans un repli d’une circonvolution, l’équivalent d’une Iliade et de son Odyssée. Seule l’absence de cordes vocales l’empêcherait de la conter et le manque de doigts de l’écrire. Je le vois saliver (l’escargot) rien que d’y penser et on ne peut douter de son envie d’en parler.

Mon ami le protège, l’observe, attendant le signe qui lui permettra d’engager le dialogue avec son hélix pomatia domestique. Pour le moment, il ne sort pas de sa coquille dont il a obturé la porte, en retraite philosophique dont il ne veut pas être dérangé.

Comme dans l’espèce humaine, il y a chez nos voisins terrestres et souterrains des degrés dans l’intelligence ou la débrouillardise. Certains profitent des autres ou se tirent mieux d’affaire. Ainsi la fourmi se fournit en sucre en trayant le puceron. Notre escargot silencieux penseur est moins exposé que la limace qui se promène toute nue tandis que lui a son home mobile sur le dos. Il lui permet de se mettre à couvert n’importe où.

Pour plus d’exemples, relisez monsieur Fabre ou regardez des documentaires animaliers sur Terre Vivante.

La contemplation de la vie humaine et animale amène à une comparaison peu flatteuse pour celle-là. Une forêt vierge laissée à elle-même reste vierge tant qu’elle est livrée à elle-même. Seules les intempéries peuvent venir la violenter un instant. Une population humaine ne peut vivre ensemble sans entrer dans l’histoire qui sera une succession de guerres, de révoltes, de révolutions, de fractions, de frictions. Même les familles se déchirent, se font des procès. La chienlit n’est jamais loin. L’intelligence  de l’homme crée immanquablement le chaos, la pagaille, la discorde, les grèves, les prisons ; celle des animaux, l’harmonie, la paix, la concorde, la cohabitation sans racisme, sans rancune. Ils acceptent de vivre en copropriété sans avoir besoin de syndic. Les animaux, petits ou grands, ne sont pas bêtes.


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