Une fois de plus, je dois rétablir la vérité, combattre
l’idée dominante, en finir avec le prêt-à-penser et continuer de vous
contredire. Le beau temps ne mérite pas d’être béatifié et le mauvais satanisé.
Réglons son compte d’abord au beau temps. Ainsi, le ciel
bleu perpétuel, le soleil éclatant, un air quasi-immobile seraient des
attributs dignes du paradis et pour les rechercher vous êtes prêt à partir aux
Marquises, aux Seychelles, aux Maldives, aux Baléares ou aux Tuamotu, au Sahara.
Malheureusement vous allez y trouver plus sûrement des coups de soleil pour
commencer et un mélanome pour finir. Le soleil permanent c’est la sécheresse,
la dessiccation, la peau tannée puis flétrie et puis l’incendie qu’on n’arrive
pas à éteindre car il n’y a pas d’eau dans le puits, dans l’oued, dans le
ruisseau, la rivière, le fleuve ayant disparu depuis le tertiaire.
Rapidement vous allez regretter le mauvais temps que vous
avez quitté en courant. C’est quoi le mauvais temps ? Un ciel nuageux, de
la pluie, des orages, du vent, une température plutôt frisquette. Ça suffit
pour vous plomber le moral (un moral que vous n’avez jamais eu). Réfléchissez,
la pluie, le vent, le froid, ça fouette le sang, ça dynamise, ça donne envie de
se bouger, de se remuer, pour se réchauffer. Ça oblige à s’activer, à
travailler. On ne s’ennuie pas, on gagne de l’argent, on n’a plus peur de
l’avenir, on se sent vivant, alerte, occupé, les articulations restent souples,
les muscles toniques, le cœur vaillant. On comprend qu’on nous a mis là dans un
but précis pour faire avancer les choses, construire un mur, planter un arbre.
Même les dégâts du mauvais temps n’ont rien à voir avec ceux du grand beau
temps. Une inondation se guérit toute seule ou il suffit de faire sauter le
barrage qu’un con avait construit. Un coup de vent déracine les arbres malades,
enlève les toitures mal arrimées, défonce des portes mal fermées.
Mais surtout le vent fort fait tourner les éoliennes et les
moulins, chasse les mauvaises odeurs et la poussière, la pollution et fait
remonter le courant aux voiliers.
Et à l’eau de la pluie, on lui doit des merveilles. C’est
elle qui fait pousser les fleurs, les feuilles et l’herbe, les arbres, tourner
les aubes, remplir les étangs, les rivières, permet aux poissons de frayer, de
frétiller, aux pêcheurs de pêcher, aux marins de naviguer et à la neige de
tomber.
Non, pour moi y a pas photo. Il faut parler du sale beau
temps et du bon mauvais temps !
________
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire