Je ne comprends pas : à 80 ans passés, vous avez encore peur; pire, vous mourez de trouille. Votre entraînement n'aura servi à rien...
Vous pensez que la nature fait mal les choses. Vous n'avez pas compris que si vous
avez faim c'est pour que vous mangiez, soif, pour que vous buviez, sommeil pour
que vous dormiez, que vous avez des yeux pour voir, des pieds pour marcher,
etc., etc. Tout est organisé dans un but précis. Les peurs comme le reste. Ça vous est arrivé de réfléchir? Vous me feriez pitié si je
n'avais pas envie de rire.
Elles auraient pourtant dû vous mettre la puce à
l'oreille, toutes les peurs qui n'ont jamais cessé de vous
assaillir depuis le début. Elles étaient de toutes les tailles et
calibrées sur mesure.
Il y a eu les petites qui empoissonnent le
quotidien et pour lesquelles on ne peut rien faire de plus que de les subir :
peur de l'école, du maître, du noir, du tonnerre, des éclairs, de son ombre, du bruit, du silence, de trop en dire,
en faire, d'oublier, de l'eau, du vide, de tomber, de se couper, de se faire
mal. Mais en plus il a fallu supporter les peurs moyennes qui font sursauter,
donnent envie de s'enfuir, les jambes molles, le cœur palpitant.
Vous avez peut-être même vécu la peur panique qui cloue sur place, paralyse, anéantit : celle de la vague scélérate, du bombardement, de la faim, de la soif, de
l'incendie, du crash, de la faillite, de la police, de la justice.
Ainsi les minuscules, les
nécessaires, permanentes ne vous ont pas mithridatisé, les grandes et les petites ne vous ont pas vacciné, habitué à y faire
face sans reculer.
Le temps aurait dû vous guérir des énormes, de celles qui
n'arrivent qu'aux autres. Vous n’y pensez que parce que vous aimez vous faire peur.
Vous êtes
incurable. Je vous rappelle pourtant que le soir, vous ne craignez pas de vous
endormir alors que vous n'êtes pas sûr de vous réveiller. Vous vous couchez cependant
content d'en finir avec une journée aussi
pleine de douleurs et d'ennuis que les autres et heureux d'oublier, le temps
d'une nuit toutes vos misères et même la
peur de lendemain.
Si vous étiez
moins stupide, vous devriez être rempli de joie à l'idée que quand vous vous coucherez pour la dernière fois, le soir de votre mort, vous n'aurez plus jamais
peur.
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