Il y a deux types
d’individus : ceux qui cherchent le pourquoi des choses et ceux qui se
contentent de chercher comment elles marchent pour pouvoir les réparer.
L’ambition n’est pas
la même. Les uns travaillent dans les laboratoires de recherche de l’Inra, de
l’Inserm, du CERN, du CEA, de Polytechnique et les autres vont en apprentissage,
ont un brevet d’aptitude ou font les Arts et Métiers.
Attention, il y a
des degrés. Ne mettez pas tout le monde dans le même panier.
Dans les questionneurs
du "pourquoi", il y a la valetaille avec quelque têtes qui surnagent,
arrivent de temps en temps à faire une découverte qui fait bien avancer les
choses. On les coiffe, pour les récompenser, d’un bonnet de Nobel et d’une
gratification à partager avec l’équipe qui a fait le travail.
Au-dessus d’eux
règne le philosophe. Il travaille solitaire et pense dans sa tour
d’ivoire, isolé du reste du monde pour que rien ne vienne troubler son bruit
intérieur. Et là, pendant des jours et des nuits, il cherche le pourquoi de
tout et de rien. Sans l’aide d’un cyclotron, d’un Crey, d’un accélérateur, d’un
amplificateur, par la seule force de sa pensée intuitive, déductive,
associative,analytique, irrationnelle et divergente, il cogite cherchant l’idée qui lui donnera la clef
qui ouvrira la porte qui débouche sur l’explication des raisons qui lui font se
poser des questions dont il n’a pas les réponses.
Les plus vaniteux,
pour faire croire qu’ils sont importants et progressent dans la connaissance de
l’impossible, jargonnent et rendent compte de leur incompréhension par un
langage incompréhensible. Tout le monde est satisfait.
Ceux qui cherchent
sans trouver mais qui ont l’honnêteté de le reconnaître se taisent, trop
pressés par le temps pour postuler à l’Académie Française ou faire des ménages chez
Paquet, le croisiériste.
Les spécialistes du
"comment" ont une fatigue moins relevée car plus physique. En
cherchant comment les choses marchent, ils prennent plus de risques : ils
vont au fond des mers, montent très haut, explorent l’infini, le vide le grand
mais surtout le très petit. Ils expliquent ce qu’ils voient et cherchent à
savoir comment ça marche. Ils écrivent des livres, des encyclopédies et surtout
des modes d’emploi car ils sont charitables et font profiter les autres de ce
qu’ils savent pour ne pas avoir à le redire.
Une dernière chose
sépare le gadzarts, prototype de l’honnête travailleur rivé à sa planche à
dessin assisté par ordinateur du philosophe: il prend sa retraite à l’âge prévu
pour le départ tandis que le philosophe n’ayant jamais rien fait de plus que
des supputations invérifiables travaille de la tête (quand il l’a toute)
jusqu’à son dernier jour, cramponné à la folie de sa vie : trouver le
pourquoi du comment.
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