Ce blog est pour le lecteur qui apprécie l'ironie, l'humour, qui est à l'affût de pensées faciles, d'idées saugrenues, d'inventions bidon, de conseils bizarres et qui n'est pas horrifié par le sarcasme, l'irrespect. Il est à éviter pour les conformistes, les dominants, les dominés.


jeudi 20 février 2014

UNE ÎLE FLOTTANTE


Il fallait s’y attendre. La fonte de la glace des glaciers, de la banquise, des icebergs et de la neige venant s’ajouter aux chutes de pluie, a provoqué la submersion de la Grande Bretagne. Les terres antérieurement émergées sont dorénavant immergées. Les experts consultés ne prévoient pas une normalisation de la situation avant la prochaine glaciation, soit à une date que l’on peut, avec une grande approximation, situer dans un futur indéterminé.

Une fois de plus le flegme britannique étonne le reste du monde qui, lui, garde les pieds au sec. Ils en ont pris leur parti et, sitôt les premiers instants de surprise, ont fait face à la situation avec l’humour, le calme, le sang-froid et la détermination qu’ils avaient déjà montrés lors du terrible blitz.

Le discours de la Reine a eu l’effet attendu et a donné le signal qui a fait débuter les travaux.

Trafalgar Square est devenu un port d’attache et les bateaux ont remplacé les Rolls et les Jaguars. Le Queen Mary II s’y poste et a trouvé sa bitte d’amarrage digne de sa grandeur : le cou du grand Nelson. Les rues, avenues, boulevards, transformés en canaux n’ont rien perdu de leur animation et sont sillonnés de canots, de péniches, de cruisers, de barques à rames, à godille et même quelques voiliers s’essaient à la régate entre trois ronds points. L’anglais reste, quoiqu’il advienne, un grand sportif.

Le métro a repris son activité. Les rames ont été remplacées par les sous-marins de la Navy. Ils ont trouvé là un emploi pacifique, sitôt  déchargées de leurs fusées Poséidon.

Toutes les maisons à ossature bois se sont soulevées et, pour éviter toute divagation, elles ont été ancrées aux 4 coins. Les autres constructions plus durement construites n’ont pas bougé. Le basement, le rez-de-chaussée et le premier étage, inondés, ont été désertés et les habitants se regroupent aux étages supérieurs (à partir du troisième dans les parties bases de la ville).

Il y a, bien sûr, des contreparties fâcheuses. Les noyades ont remplacé les accidents de voiture. Les fermes traditionnelles ont disparu et les fermiers se lancent dans la pisciculture avec succès. Les pêcheurs bretons redoutent leur concurrence aussi bien sur le marché de la limande que l’escargot de mer.

L’approvisionnement en lait, un instant compromis, ne pose plus de problème depuis qu’une race de marsouines a été sélectionnée. Elle fournit un lait d’une excellente qualité, au goût iodé très apprécié. Le Milk-man a repris sa tournée en gondole et s’est mis au bel canto dans les quartiers proches de Covent Garden.

La farine de goémon remplace avantageusement celle du blé avec le bénéfice supplémentaire d’une production continue, non soumise aux saisons (le Gulf Stream assure une température constante 365 jours sur 365).

Conséquence inespérée : les centrales atomiques sont refroidies directement par l’eau de mer. Elles réchauffent l’eau qui les entoure et, par le fil du courant, l’île baigne dans une eau à 24-25° C donnant une ambiance caraïbe qui plaît pas seulement à la population immigrée.

Tout n’est cependant pas rose dans le New Great Britain. La politique est entrée en jeu avec un parti né dans l’eau et qui – tout simplement – menace de larguer les amarres de leur île flottante. Ils voient dans le sort qui les atteint un signe divin. Ils doivent quitter la proximité de cette Europe qui leur a toujours paru étrangère avec leurs langues étranges, leur nourriture bizarre, leur conduite à droite. Leur but avoué est, en fait, de mettre cap à l’Ouest, de traverser l’Atlantique, d’accoster à côté de Boston et remettre pied à terre en Amérique, USA.
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