Vous avez un ennemi héréditaire et vous voudriez en terminer avec cette vieille histoire qui se transmet de génération en génération dans la famille depuis la nuit des temps. Écoutez-moi: changez de tactique et de stratégie. Pas subitement mais avec subtilité. Commencez par stopper les attaques frontales et latérales et arrêtez les contre-attaques. Gelez la ligne de défense. Faites le mort. Surpris, l'ennemi fera la même chose, craignant une mauvaise surprise du genre de la grosse Bertha ou de celle d'Hiroshima. Au lieu de cela, après quelque temps, envoyez des fleurs pour l'anniversaire de la petite dernière du général en chef et la fête de la femme du ministre des affaires étrangères. Attendez Noël pour offrir un beau sapin couvert de jouets aux orphelins des parents tués sous les décombres. Renouvelez le geste dès le premier janvier pour que les veuves des soldats tués pour la patrie puissent le fêter dans la joie et les rires communicatifs. Cette prise de contact sympathique changera le climat des pourparlers qui ne tarderont pas à s'ouvrir pour discuter de l'évolution de la situation qui de gelée passera, ex-abrupto, à celle du dégel, l'adversaire ayant été contraint par les usages diplomatiques à remercier pour les cadeaux reçus sans les avoir demandés. La rencontre pourra se faire en terrain neutre, en Suisse comme d'habitude et donnera l'occasion d'enterrer solennellement la hache de guerre que chaque génération affutait religieusement. Il s'ensuivra une suite logique. Les deux présidents réconciliés marierons leurs deux ainés Pierre et Paul. La jeune ministresse des armées convolera en justes noces avec son homologue, une robuste quadragénaire assez autoritaire. Tout ce beau monde partira ensemble en vacances. La dicha.
PS : je sens que je vais proposer ma recette pour finir une guerre à qui vous
savez.
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