"Qu'est-ce qui t'arrive, je te sens tout flagada, tu nous ferais pas une petite déprime? "dis-je à mon ami le cynique venu me visiter. "Ah, mon pauvre, si tu savais ce qui m'arrive, tu comprendrais. Ce matin, je me lève, guilleret, après une nuit remplie de rêves comme je les aime, quand soudain, une idée. Au lieu de passer comme les autres, elle reste et m'oblige à réfléchir à son sujet. Que me disait-elle? un flot de méchancetés, du genre que j'étais incapable d'écrire un livre - tu sais que j'en ai le projet - parce que je n'avais pas
- l'imagination de Brussolo,
- l'écriture de Musso,
- l'orthographe du Petit Robert,
- l'humour de Proust,
- la profondeur de Schmitt ou de Houellebecq,
- le courage de mon opinion,
- la facilité des Besson.
Avec tout ce que je n'ai pas, comment veux-tu que je fasse quelque chose?"
"Certes, elle n'a pas entièrement tort, cette sacrée idée. Mais elle ne dit rien de tes atouts, ils ne sont pas minces: tu as du temps, tu ne cours pas près l'argent avec une retraite convenable, ta maison est confortable, tu as une bonne santé, un poison rouge fidèle, une grande tante aimante. Avec tout ça, tu es plus heureux que la moyenne des français et pas mal d'américains. Pourquoi veux tu écrire un livre que personne ne lira. Fais un blog, comme moi."
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